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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 19.djvu/878

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et Marguerite, la sœur du roi. Ses deux parrains furent le dauphin François et l’évêque de Béziers. La maréchale mourut (22 juin 1545) quand sa petite-fille n’avait encore que dix ans, confessant sur son lit de mort son attachement aux idées nouvelles. La comtesse de Roye, qui s’y sentait déjà portée, les adopta désormais comme un héritage et y éleva ses deux filles, Éléonore et Charlotte, plus jeune que son aînée de deux ans.

Éléonore fut mariée à l’âge de quinze ans. Coligny était devenu le conseil de la comtesse de Roye; il lui conseilla de donner sa fille à Louis de Bourbon, songeant ainsi à rattacher en faisceau les maisons de Montmorency, de Roye, de Châtillon et de Bourbon, pour les opposer à l’ambitieuse maison des Guise. Qu’était alors Louis de Bourbon ? Un cadet assez obscur ; il figure sur l’état de la maison de Henri II, en 1549, sous le nom de « Louis, M. de Vendôme, gentilhomme de la chambre du roi, aux gages de 1,200 livres[1]. » Voici comment le peint le duc d’Aumale : « Perdu dans la foule des courtisans, ce jeune homme de dix-neuf ans ne se distinguait même pas par la haute et imposante stature qu’on remarquait chez ses ancêtres. Il était de très petite taille et sans doute un peu voûté, car certains recueils d’anecdotes le représentent comme bossu et contrefait; mais cette tradition, dont il serait difficile d’indiquer la source, s’accorde mal avec la chanson bien connue qui fut faite sur lui ;

Ce petit homme tant joly,
Qui tousjours cause et tousjours ry,
Et tousjours baise sa mignonne,
Dieu gard’ de mal le petit homme!


D’ailleurs il n’avait rien de chétif; leste, vigoureux, il excellait à tous les exercices du corps; nul, dans un jeu de paume, ne servait mieux la balle; nul ne maniait mieux ses armes dans un carrousel et ne faisait parader avec plus de grâce un cheval difficile. D’après des portraits authentiques, ses yeux étaient vifs et perçans; sa figure, agréable sans être régulière, s’encadra plus tard dans une de ces barbes fortes, d’un blond ardent, que reproduisent si souvent les maîtres du XVIe siècle. Son esprit était brillant et assez cultivé; sa parole facile, entraînante, avec une pointe de raillerie que sa bonne humeur faisait oublier; rien de puritain assurément, beaucoup de gaîté et d’ardeur, le désir et le don de plaire, le caractère résolu, l’âme fière, le cœur grand et généreux. »

On possède à la Bibliothèque nationale un portrait d’Éléonore de Roye; ce portrait du temps, à la sanguine et au crayon, fait partie

  1. P. Anselme.