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— droit, médecine, lettres, sciences, — comme formant un ensemble; mais en réalité ce sont, depuis la révolution, autant d’institutions distinctes. A vrai dire, il y faut voir aussi des écoles spéciales, avec cette différence que les élèves ne sont pas obligés à l’assiduité, et que les étrangers sont admis aux cours. Aussi les trouve-t-on les unes loin des autres. C’est seulement sur trois points de notre territoire, à Paris, à Lyon, à Nancy (autrefois à Strasbourg), qu’on a les quatre facultés installées dans la même ville. Quinze villes possèdent une faculté des lettres et une faculté des sciences, onze une faculté de droit, cinq une faculté de médecine[1]. Ajouter dans un certain nombre de villes aux facultés déjà établies celles qui manquent, c’est ce qu’on appelle opérer le groupement des facultés.

Il ne suffit pas d’assembler les quatre facultés dans la même ville, il faut encore qu’elles soient réunies entre elles par un certain nombre de liens. Si les traits généraux de cette association se devinent, les détails peuvent beaucoup varier : nous ne songeons pas à donner le plan d’une organisation. Il suffira de supposer (et en ceci tous les projets s’accordent) que le corps tout entier sera sous la direction d’un chef unique, électif, renouvelable, et qu’à côté de ce chef se trouvera un sénat académique composé des doyens des différentes facultés et d’un certain nombre de professeurs. Les affaires communes aux diverses facultés seront traitées dans ce sénat : nous verrons plus loin quelques-uns des objets soumis à ses délibérations. L’état, comme il est juste, auprès de cette assemblée aura son mandataire exerçant un droit de surveillance et de contrôle, soit que la loi crée un curateur ad hoc y soit qu’on ajoute ces attributions à celles de nos recteurs.

Aux facultés ainsi réunies sera donné, ou plutôt restitué, le nom d’université. Comme cette dénomination a causé des méprises et comme elle a soulevé des objections dans le corps enseignant, nous nous y arrêterons un instant. On dit l’université d’Oxford, l’université de Leipzig, de Leyde, d’Upsal, de Padoue, de Salamanque. Les universités de Paris, de Toulouse, d’Orléans, de Bourges étaient célèbres au moyen âge : en quoi donc le terme peut-il choquer aujourd’hui? Pour comprendre la raison de ce débat, il faut savoir que Napoléon Ier a détourné le mot d’université de la signification qu’il avait autrefois et qu’il a encore aujourd’hui chez toutes les nations de l’Europe : donnant au corps enseignant une cohésion extraordinaire, Napoléon en fit une administration, et à cette hiérarchie

  1. Nous ne parlons pas en ce moment des facultés de théologie; mais nous y reviendrons à la fin de cette étude.