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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 19.djvu/907

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juridique et morale : cela est nécessaire, si l’on ne veut pas qu’elle soit dans une situation inférieure à ses rivales, les universités créées par le clergé. Elle aura le droit de posséder, de recueillir des legs et des donations. Nous espérons que le parti libéral ne s’en remettra pas uniquement à l’état du soin de doter ces grands établissemens. S’il a renoncé avec raison, selon nous, à l’idée de former, de son initiative privée et sous la protection de la nouvelle loi, des universités qui fussent son œuvre et son instrument, il ne s’ensuit pas qu’il doive rester spectateur de la lutte. Chaires à créer, bourses et prix à fonder, collections à enrichir, bibliothèques et laboratoires à loger et à pourvoir, il s’ouvre ici un vaste champ au patriotisme. Il n’est sans doute pas de plus intelligent et de plus digne emploi de la fortune que d’attacher son nom à la fondation d’un enseignement ou de procurer les bienfaits d’une haute instruction à des jeunes gens d’un mérite déjà éprouvé. Parmi ces bienfaiteurs, nous comptons d’avance les villes et les départemens qui prouveront ainsi, non par des vœux, mais par des actes, leur attachement aux institutions libérales : déjà en 1875 le conseil municipal de Dijon créait des bourses auprès de la faculté des lettres et des sciences, et tout récemment le conseil municipal de Paris, par une inspiration qui l’honore, votait une subvention de 24,000 francs en faveur de jeunes gens adonnés aux hautes études. Ces sortes de dons ne seront après tout qu’un retour aux anciennes coutumes, car les collèges, qui étaient des établissemens d’instruction supérieure au moyen âge, n’avaient pas d’autre origine que la générosité des particuliers. En Russie, chaque université a des centaines de bourses. En Allemagne, un cinquième à peu près des étudians profite de fondations anciennes ou nouvelles[1]. La gestion des fonds mis ainsi à la disposition de l’université sera un premier objet de délibération pour le sénat académique dont nous parlions plus haut.


III.

Si maintenant nous voulons découvrir la meilleure organisation des futures universités, le vrai point de vue sera de nous supposer à la place de l’étudiant, puisque c’est à cause de lui et pour lui que cette organisation existe. L’intérêt de l’étudiant, c’est premièrement de trouver un ensemble de cours aussi complet que possible. Dans le domaine du droit, de la médecine, des sciences et

  1. Le nom de Bursche, que se donnent familièrement les étudians allemands, est notre français boursier.