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destruction, ils minent, rongent et abattent les plus fiers organismes en les envahissant et vivant à leurs dépens.

Personne n’a plus contribué à mettre ces faits en lumière que M. Pasteur, qui s’est trouvé amené à les étudier par ses recherches sur les fermentations. Sans doute la doctrine de la panspermie ou de la diffusion universelle des germes organisés a rencontré des adversaires éminens et soulevé d’ardentes discussions ; il n’en est pas moins vrai qu’à tout moment des faits nouveaux semblent la confirmer, et, fût-il démontré un jour qu’elle n’est pas le dernier mot de la science, il faudrait toujours convenir qu’elle a stimulé le progrès et provoqué une foule de recherches vraiment utiles et fécondes. Jusqu’à présent, elle n’était guère sortie de la sphère des laboratoires : c’est sur des expériences qu’elle appuyait ses conclusions; la voici qui va demander une sanction définitive à l’observation proprement dite, à l’étude des phénomènes réguliers où l’homme n’intervient pas, car elle est sur le point de donner naissance à une nouvelle branche de la météorologie pratique. Depuis plus d’un an déjà, on a inauguré à Montsouris l’analyse microscopique quotidienne des poussières de l’air.

Il s’agit là, pour la théorie des miasmes organisés, d’une épreuve décisive : si elle réussit, les applications qui en résulteront seront d’une très grande portée. On verra s’il y a réellement une corrélation étroite entre les endémies ou les épidémies et la fréquence, locale ou générale, des germes charriés par l’atmosphère. On connaîtra peut-être les fermens qui occasionnent telles maladies, et l’apparition de ces corpuscules de mauvais augure parmi les poussières de l’air donnera le signal des mesures prophylactiques propres à éloigner ou à circonscrire le fléau. N’est-ce pas déjà beaucoup de savoir d’où vient l’ennemi qu’il s’agit de combattre ?

Les recherches entreprises récemment, en France, en Angleterre et en Allemagne, par un certain nombre de médecins et de naturalistes, ont rendu très probable l’existence de germes contagieux pour plusieurs maladies de l’homme et des animaux, telles que la diphthérie, l’érysipèle, la fièvre splénique, etc. Il suffit de citer à cet égard les découvertes des docteurs Beale, Sanderson, Hallier, Klein, — qui attribue la fièvre ovine et la fièvre entérite à des microphytes parfaitement définis, — celles du docteur Salisbury et de M. Balestra, qui cherchent l’origine des fièvres intermittentes dans la présence des spores de certaines algues, — puis les belles recherches de M. Chauveau sur les virus et celles de M. Davaine sur les bactéries du sang de rate. L’hypothèse des germes contagieux gagne ainsi du terrain, et un jour viendra où, à l’apparition d’une épidémie, on dira tout d’abord aux micrographes : « Cherchez le champignon! »

L’un des moyens employés à Montsouris pour recueillir les organismes de l’air consiste à projeter sur une goutte de glycérine un courant d’air