lent et prolongé produit par une très petite trompe aspirante. On réussit ainsi à retenir surtout les spores, les pollens, les parcelles de fer météorique, les grains d’amidon, les débris de toute sorte qu’entraînent les vents; mais les germes d’une ténuité extrême, qu’il importe le plus de saisir, échappent à la glycérine, ou s’y trouvent noyés au milieu de corpuscules plus massifs, et en tout cas privés de la mobilité qu’ils montrent dans l’eau. On les observe mieux dans les gouttes d’eau qui résultent de la condensation de la vapeur atmosphérique. Pour cela, on profite des rosées nocturnes et des premières gouttes des pluies naturelles; ou bien on recueille le dépôt de rosée qu’on obtient en exposant à l’air des tubes d’essai garnis d’un mélange réfrigérant, ou enfin on lave l’air avec la poussière d’eau fournie par un pulvérisateur. Ces essais ont lieu presque chaque jour, et même plusieurs fois par jour.
Un troisième moyen de reconnaître les germes contenus dans l’air consiste à observer les altérations qu’y subissent des liqueurs fermentescibles, préalablement soumises à l’ébullition. C’est le procédé que M. Tyndall a récemment mis en usage avec tant de succès, pour démontrer l’existence des germes atmosphériques. On prépare une série de tubes, remplis d’infusions altérables, bien bouchés et privés de germes vivans par une ébullition prolongée; on les laisse séjourner plusieurs semaines dans une armoire vitrée pour bien s’assurer qu’il ne s’y développe aucune fermentation spontanée, et on n’emploie que ceux qui ont résisté à cette épreuve. Les tubes remplis de liquide reconnu pur sont ensemencés par l’air qu’on veut analyser; on les rebouche ensuite, et l’on observe les altérations qui se déclarent toujours au bout de quelques jours. Ces tubes sont particulièrement destinés aux prises d’air à opérer dans les divers quartiers de la ville; on les dispose dans une trousse qui en rend le transport facile.
Le Bulletin mensuel de l’observatoire de Montsouris a régulièrement publié les résultats obtenus par ces divers procédés depuis le mois de septembre 1875. On y trouve des planches où figurent les corpuscules observés et dessinés par M. Schœnauer. Dans les premiers mois, on a opéré seulement avec la glycérine. Parfois, quand le vent a soufflé du nord et qu’il a passé sur les cheminées de Paris, la récolte fournie par la goutte de glycérine est très riche en parcelles de charbon. Après les pluies, qui purifient l’air, la récolte est généralement peu abondante ; mais dès que le temps se remet au beau, les poussières sont de nouveau soulevées, et l’air aspiré par les trompes les dépose sur le liquide en quantités considérables. En dehors des parcelles de charbon, des globules ferrugineux, de quelques cristaux de sulfate de chaux, ce sont des spores de cryptogames, des pollens, et d’autres corpuscules organisés de dimensions très petites dont il est difficile de déterminer la nature, car les infusoires ne peuvent se mouvoir dans la glycérine, ils y périssent, et y perdent bientôt leurs formes.