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diverses reprises sur les frontières du Mexique et sur celles du Canada.

Au début de cette étude, nous avons précisé les causes principales auxquelles était due la colonisation de l’Amérique par l’Europe, les mobiles auxquels obéissaient les émigrans ; l’amour de l’indépendance et les convictions religieuses. La presse politique répond au premier de ces besoins : par elle et avec elle, le colon a ébranlé, puis secoué le joug de la métropole ; par elle et avec elle, il a vaincu, proclamé son indépendance politique, fondé une république, créé une constitution, concilié dans une assez juste mesure les droits de l’état et ceux ; de l’individu. Examinons maintenant quelle satisfaction a été donnée aux deux autres besoins de sa nature. A côté de la presse politique, il y a la presse religieuse ; résumons en quelques mots son histoire et les résultats obtenus.

Le premier journal exclusivement consacré aux questions religieuses parut à Boston le 3 janvier 1816. L’éditeur était Nathaniel Willis, qui a raconté dans une autobiographie très curieuse comment, après de longues années d’épreuves, de perplexités et de difficultés, il réussit enfin, avec l’appui du docteur Morse, à fonder le Recorder, qui subsiste encore, et qui a tracé le chemin où depuis se sont engagés nombre de rivaux. Presque simultanément parurent le Congregationalist, puis le Watehman, organe des baptists, qui compte 21,000 abonnés, le New-York Observer, qui tire à 60,000 exemplaires, le Zion Herald, journal des méthodistes, le Christian Register, oracle des unitairiens. L’église presbytérienne est représentée par l’Evangelist, primitivement publié par une association de jeunes gens réunis dans un dessein commun, celui de favoriser les progrès de l’éducation, de soutenir la cause de la tempérance et de combattre l’institution de l’esclavage. L’Independent, organe des congrégationalistes, une des feuilles les plus répandues de la presse religieuse, doit également son existence à trois négocians de New-York, Chittenden, Hunt et Bower, qui consacrèrent des sommes considérables à assurer le succès de cette publication. Henry Ward Beecher, le célèbre prédicateur, fut un de ses premiers éditeurs et y soutint, avec une vigueur et une âpreté de langage qui n’avaient rien à envier aux feuilles politiques, de nombreuses controverses avec l’Evangelist et d’autres publications rivales. On se passionne aussi vivement ans États-Unis pour les discussions religieuses que ; pour les discussions politiques, et la modération de la forme et dur langage fait également défaut aux unes et aux autres. Le catholicisme compte de nombreux adhérens et, dans la presse, des partisans zélés ; rédigés avec talent, ses journaux ont des lecteurs nombreux et assidus, et soutiennent avec leurs