étaient là, silencieusement agenouillées devant leurs bancs de bois. J’allai me placer dans l’ombre, près de la porte, pendant que Panaïoti, tout ruisselant d’eau, entrait du côté de l’autel pour dire la messe. Elle ne dura qu’un quart d’heure ; le pappas entonna en terminant un étrange cantique que les assistans reprirent en chœur, et je me hâtai de sortir pour ne pas me trouver sur le passage des calogriai, qui se dispersèrent dans le village.
Panaïoti vint me rejoindre et voulut me faire partager un déjeuner que ses petites filles avaient préparé pendant notre courte absence. Je vis de nouveau défiler en troupe serrée, à la lueur pâle du matin, sous la pluie, ces mêmes travailleuses que j’avais vues revenir la veille, et je dus attendre pour me mettre en route qu’elles fussent rendues à leurs champs. J’arrivai moi-même à Aigion dans l’après-midi.
III.
Environ un mois après, au milieu d’avril, je me préparais à parcourir l’est de l’Achaïe et à pousser mon excursion jusqu’aux sources du Styx en Arcadie, quand j’appris que trois Français, dont deux élèves de l’école française d’Athènes, en quête de monumens anciens, viendraient au mois de mai explorer les environs d’Aigion. Je préférai les attendre, et c’est avec eux que je visitai d’abord les quelques ruines qui subsistent encore dans cette contrée naguère si riche en monumens de toute sorte, mais qui vit disparaître successivement sous les secousses des tremblemens de terre, depuis son antique capitale Hélicé, jusqu’à ses plus pauvres bourgades. Les habitans se servent, pour construire, des pierres des édifices renversés et dissimulent soigneusement sous une couche de plâtre les débris d’inscriptions qui se trouvent placés sur la façade de leur maison ; ils ont ainsi la double satisfaction de posséder un mur très net, qui paraît neuf, et de s’éviter en même temps les investigations des archéologues, et ces opérations de grattage et de lavage qui sont particulièrement désagréables aux propriétaires. On trouve cependant deux beaux morceaux de plafond en marbre, à caissons, étalés dans un champ au soleil, sur le bord de la route poudreuse de Théméni. Ce sont les restes d’un tombeau romain probablement enfoui, qu’on a respecté parce qu’il est assez éloigné de la ville ; — une dalle épaisse, qui se trouvait peut-être au seuil, sert aujourd’hui de garde-fou à un petit pont jeté sur un ruisseau à sec, et montre aux passans son inscription profonde et bien conservée.
M. Lebègue a publié un mémoire sur un temple plus important