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LES
POISONS DE L’INTELLIGENCE

II[1].
LE HACHICH. — L’OPIUM. — LE CAFÉ.


I.

Tandis que le chloroforme et l’alcool sont d’un usage général en Europe et qu’on en connaît très bien les effets, le hachich est presque complétement ignoré. Cependant l’ivresse qu’il procure est très agréable, et présente des particularités qui seraient fort appréciées peut-être à Paris ou à Londres, comme elles le sont au Caire ou à Damas ; mais le hachich n’existe guère qu’en Orient. Il y a quarante ans environ, M. Moreau (de Tours) l’a révélé pour ainsi dire aux savans européens dans un livre remarquable. Quelques écrivains, Balzac, Théophile Gautier, Gérard de Nerval, firent à cette époque, à l’hôtel Pimodan, des agapes dans lesquelles le hachich jouait le principal rôle. En somme, c’étaient des expériences qui avaient non-seulement l’attrait de l’inconnu, mais encore tout le charme d’une ébriété purement psychique, bien plus spirituelle et plus active que celle du vin. Il y eut un moment où le hachich était à la mode ; mais ce moment est passé, et aujourd’hui ce n’est qu’exceptionnellement qu’il se rencontre encore çà et là quelques amateurs.

Le hachich est l’extrait du chanvre indien. Cet extrait, mélangé à des aromates de toute espèce et à des huiles végétales, constitue

  1. voyez la Revue du 15 février.