retrouverons dans l’infante une fille de plus, aussi bonne, aussi aimable que ses aînées, et qui ajoutera à notre bonheur intérieur, le seul vrai dans ce monde et que vous, madame, savez si bien apprécier. Je vous demande d’avance votre amitié pour notre nouvelle enfant, sûre qu’elle partagera tous les sentimens de dévoûment et d’affection de nous tous pour vous, pour le prince Albert et pour votre chère famille.
« Le roi me charge de vous offrir ses tendres et respectueux hommages, ainsi que ses amitiés au prince Albert[1]. Il espère que vous aurez reçu ses lettres et que les pêches sont arrivées à bon port. Tous mes enfans me chargent aussi de vous offrir leurs hommages. Veuillez offrir mes amitiés au prince Albert ; embrassez pour moi vos si chers enfans et recevez l’expression de la tendre et inaltérable amitié, avec laquelle je suis, Madame, de votre majesté la toute dévouée sœur et amie,
« MARIE-AMELIE. »
Si les notes de Stockmar ne venaient pas ici à notre aide, nous aurions de la peine à nous expliquer les sentimens que cette lettre éveilla dans le cœur de la reine d’Angleterre. Un de ses ministres, lord Aberdeen, avait négocié cette affaire avec M. Guizot, et tous les deux s’étaient liés par des engagemens réciproques. Ce ministre est renversé du pouvoir. Son successeur au foreign office, lord Palmerston, ne tient aucun compte des engagemens pris et par cela même dégage la parole de la France. Où y a-t-il en tout cela quelque chose qui puisse toucher la reine ? C’est le jeu des institutions parlementaires. Une politique remplace une politique, une méthode remplace une méthode ; rien de plus simple. Si lord Palmerston a subi un échec, la faute en est à lui. La reine épouse-t-elle donc si vivement les griefs de l’altier ministre ? Nous ne sommes guère disposés à le croire, nous qui savons que cinq ans plus tard elle rappellera si fermement à l’ordre ce même ministre et lui fera signifier son congé. Ah ! c’est qu’alors ce ministre aura osé déclarer une guerre sournoise au prince Albert, tandis qu’aujourd’hui le prince Albert soutient la même cause que lui. Nous voici encore ramenés au prince de Cobourg. On se rappelle ce que nous ont dit à ce sujet les notes de Stockmar. Nous l’avons vu, aux premières pages de ce récit, résumer très nettement son opinion et celle du prince sur la candidature du jeune Cobourg : c’est une combinaison à suivre sans bruit, sans éclat, sans rien risquer, en. laissant la plus grande part d’action aux circonstances. Parmi ces circonstances auxquelles il se confie de la sorte, Stockmar aurait-il compté par hasard les dispositions possibles de tel ou tel ministre, chez l’un une certaine
- ↑ Tout ce paragraphe manque dans le texte donné par la Revue rétrospective.