Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 20.djvu/409

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en Grèce. Nous ne parlons pas de quantité de bas-reliefs qui représentent les scènes de l’existence quotidienne, les insignes propres aux magistrats, aux pontifes, aux guerriers. Les auteurs eux-mêmes ont leur insigne spécial que représente le volume, ils se montrent entourés par les Muses, qui sont censées les inspirer. La présence d’Homère signale un poète épique, celle de Pindare un poète lyrique, celle de Ménandre un auteur comique ; Thalie, Melpomène, Euterpe, se trouvent parfois réunies dans la même tombe, ce qui indique l’étonnante diversité des talens du défunt.

Au reste, si beaucoup de ces décorations funéraires manifestent clairement, par l’intention d’agréer aux trépassés l’idée de leur sensibilité persistante, l’interprétation de certains symboles relatifs à la vie ultérieure dans un autre monde laisse en bien des cas plus de place que chez les Grecs à la controverse sur leur portée réelle. On a pu même se demander si quelques représentations ne faisaient pas allusion à une destruction plus complète. Nous n’appliquons pas cette réserve au Sommeil, génie représenté tantôt par un enfant, tantôt par un jeune homme, tantôt par un vieillard, et qui tient un flambeau renversé, symbole de la vie éteinte. Cette image peut ne figurer que la fin de vie actuelle.. En est-il de même des bas-reliefs où l’on voit un papillon brûlé par un flambeau, ou saisi au vol par le bec d’un oiseau ? Ne faut-il pas y voir la destruction de Psyché, de l’âme, que les anciens ne distinguaient pas bien de la vie ? Pourquoi ne pas admettre que ce qu’il y avait de confus et d’incertain à ces époques dans la conception et dans la réalité même d’une vie future se manifeste par des symboles contradictoires ? Ces contradictions n’infirmeraient pas les principales idées que nous avons essayé d’établir par des exemples empruntés au luxe funéraire. Une voile repliée, un arbre dépouillé de ses feuilles ou qu’on arrache, un masque tombé à terre, qui annonce que la pièce est finie, un cheval dans une course de char, qui s’abat au bout de sa carrière, ces représentations symboliques assez fréquentes sur les tombeaux signifient la fin de l’existence, la. nécessité du terme fatal, sans entraîner la pensée du suprême anéantissement.

On ne peut quitter le faste funéraire antique sans dire un mot de celui dont les animaux furent fréquemment l’objet. Tantôt c’était le prix de la gloire, comme pour les chevaux vainqueurs aux jeux olympiques, tantôt le résultat d’un simple caprice, d’un attachement ridicule. Le cheval d’Alexandre, honoré de magnifiques funérailles, les chiens et les coqs d’un certain Polyarque, dont parle Élien, enterrés dans des tombes avec pilastres et tables de marbre couvertes d’inscriptions, l’oie qui accompagnait partout un philosophe nommé Lacidas, honorée, au rapport de Diodore, d’un superbe convoi par ce même personnage, qui n’eut pas honte de