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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 20.djvu/44

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ne sont point, comme ceux de Paris, réunis sous une administration unique qui en centralise les ressources et en règle souverainement l’existence. Ce sont autant d’établissemens séparés dont l’origine est en général assez ancienne, qui vivent de leur vie propre, et qui ont chacun, avec leurs règlemens particuliers, leurs ressources et leurs moyens d’existence. Les uns, et c’est le plus petit nombre, sont ce qu’on appelle endowed, c’est-à-dire qu’ils possèdent une fortune consolidée, sur les revenus de laquelle ils subviennent à leurs dépenses. Les autres ont pour ressource principale le produit de contributions volontaires qui sont versées annuellement dans la caisse de l’hôpital. Parmi leurs souscripteurs figurent d’abord les plus grands seigneurs de l’Angleterre, dont les souscriptions ont la régularité et l’importance d’une rente, et qui comptent au nombre des protecteurs de la maison, puis des bienfaiteurs plus modestes, auxquels le versement d’une somme dont le chiffre varie avec les règlemens de l’hôpital assure le titre de gouverneurs. C’est l’assemblée des gouverneurs qui nomme le comité directeur (board of directors), et c’est ce comité qui est chargé de l’administration de l’hôpital ; mais les statuts de certains établissemens assurent à chaque gouverneur le droit (dont heureusement il est fait peu d’usage) d’assister aux séances hebdomadaires du comité et d’y prendre la parole.

L’organisation des trois hôpitaux qui sont endowed (Saint-Thomas, Saint-Bartholomew et Guy’s hospital) est celle qui se rapproche le plus de l’organisation de nos hôpitaux français. L’entrée en est libre (free), c’est-à-dire que l’admission des malades dépend uniquement des médecins attachés à l’hôpital, qui l’accordent ou la refusent, suivant la nature et la gravité des affections. Sauf les cas d’urgence, un jour par semaine est généralement réservé au renvoi des malades qui sont considérés comme guéris, et à l’admission de ceux qui doivent prendre leur place, usage singulier qui prolonge inutilement le séjour des uns et retarde non sans danger l’admission des autres. De plus (mais ceci n’est point dans les règlemens) les médecins font, à ce qu’il paraît, un certain choix parmi les malades, et on les accuse de refuser l’entrée de l’hôpital à ceux dont le cas paraît tout à fait désespéré. Quand nous aurons dit que dans ces hôpitaux, comme au reste dans tous les hôpitaux de Londres, le nombre des lits de chirurgie est égal, sinon supérieur, aux lits de médecine, tendis que la proportion est ordinairement en France de un sur quatre, nous aurons signalé les principales différences qui séparent ces hôpitaux de nos hôpitaux de Paris.

Il n’en est pas de même des hôpitaux fondés et soutenus par dès contributions volontaires. Pour attirer et retenir les souscripteurs, il a été nécessaire de leur accorder, de par le règlement lui-même,