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Sophocle et des Euripide, par un homme qui avait lu Shakspeare, Goethe et la plupart de nos auteurs dramatiques contemporains, n’y a-t-il pas là de quoi attirer notre attention ? Au moment où la Galatée de M. Basiliadis, déjà représentée à Athènes, va paraître traduite en français par nos soins, nous voudrions en donner aux lecteurs de la Revue une rapide analyse, ou tout au moins présenter les sources intéressantes auxquelles l’auteur s’est inspiré.

M. Basiliadis est mort voici peu de temps ; quoique fort jeune, il a cependant laissé après lui un nombre considérable d’ouvrages dont quelques-uns sont dignes d’être remarqués. Son drame, sans être exempt de faiblesses, a pour nous le puissant attrait de faire revivre sur la scène des personnages directement empruntés à la fable, mais animés du caractère et des sentimens qu’une ballade populaire prête à des héros modernes. La tâche était délicate ; comment d’un pareil alliage composer une œuvre solide, rendre au sujet l’unité qui lui manque au moins en apparence, rajeunir des types vieillis au souffle d’une inspiration toute récente et conserver en même temps à l’action du mouvement, de la vraisemblance ? M. Basiliadis en est venu à bout, grâce à un réel talent.

Son procédé est simple : réservant pour l’intrigue et le dénoûment l’émotion du conte populaire, il a consacré le premier acte tout entier au développement de la légende ancienne. Pygmalion, ici roi de Chypre, implore encore les dieux, et, malgré les exhortations d’Eumèle, prêtre d’Apollon, les conjure d’animer sa statue. Les dieux se vengent de ses vœux sacrilèges : Galatée naît. En même temps, et c’est ici que la ballade moderne vient compléter la tradition, Rennos, le frère maudit de Pygmalion, reparaît après un long exil. Nous le voyons, au deuxième acte, la mine farouche, le teint hâlé ; il raconte ses exploits ; il a pris part à l’expédition des Argonautes, et, comme Desdémone, Galatée l’aime « pour les périls qu’il a traversés. » En vain Rennos lutte, s’enfuit, résiste ; il revient à elle, et la mort de Pygmalion est arrêtée entre eux.

Dès lors nous ne saurions trouver un résumé plus complet et plus exact de toute la suite de cette pièce que dans le sauvage récit qui va suivre : l’auteur le cite lui-même dans sa préface et reconnaît qu’il est peu de plus beaux chants et qui soient mieux capables d’inspirer.


LA FEMME INFIDÈLE[1].

«… Il y avait deux frères pleins de cœur et de tendresse ; — la tentation s’éleva pour les désunir : — le plus jeune aimait la femme du premier. — Et un jour de fête, un dimanche, un jour de Pâques, — la jeune femme sortit du bain et le jeune homme de sa maison, — et ils s’en allèrent ensemble au loin, tout seuls.

  1. Extrait de Passow, Carmina popularia Graciœ recentioris, etc.