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une sanction à l’œuvre de la conférence, qui précise l’attitude commune de l’Europe vis-à-vis de la Turquie, et qui par cela même permette au gouvernement du tsar de rappeler au moins une partie de son armée ; ou bien, si l’on ne peut s’entendre, il s’agit de constater une situation qui laisse à la Russie la liberté de son action. Tout tourna évidemment autour de ces points principaux. Il y a quelques semaines, lord Derby disait en plein parlement que la paix dépendait d’un seul homme, du tsar, sur qui pesait la responsabilité des événemens ; aujourd’hui on dit à Saint-Pétersbourg que la paix dépend de l’Angleterre, et c’est effectivement à Londres que la question s’agite en ce moment. Nul doute, que le gouvernement anglais ne se prête à tout ce qui sera possible pour désintéresser la Russie sans engager, bien entendu, sa politique dans des complications sans issue. Ce qui est certain, c’est que le désir de la paix est partout plus que jamais, et que de grands gouvernemens décidés à détourner une crise redoutable ne peuvent pas, ne doivent pas, pour leur honneur, échouer dans une si généreuse entreprise.

Au milieu de tous ces bruits de guerre et de paix qui traversent incessamment l’Europe, il y a un incident dont nous ne voudrions parler qu’avec réserve, sous l’inspiration de cette sympathie naturelle qui s’éveille invinciblement toutes les fois qu’il s’agit des populations de l’Alsace-Lorraine. Le gouvernement allemand a cru devoir prononcer des expulsions à peu près systématiques contre les jeunes gens de l’Alsace-Lorraine qui, après avoir opté pour la nationalité française et après avoir rempli leur devoir de soldats dans notre armée, sont revenus dans leurs familles. Le gouvernement allemand exerce ses droits, nous ne les discutons pas. D’autres, plus heureux en Angleterre jugent l’usage de ces droits, et pour ce qui est de l’humanité, la société de protection des Alsaciens-Lorrains de Paris s’est empressée de remplir tous ses devoirs. Le gouvernement allemand est-il donc lui-même si intéressé à infliger des épreuves nouvelles aux familles de ces généreuses provinces ?


CH. DE MAZADE.



ESSAIS ET NOTICES.

UN DRAME MODERNE EN GRÈCE.
Les Nuits attiques. — I. — Galatée, de M. S. N. Basiliadis. Athènes.


Un drame composé de ces deux élémens dissemblables, la fable antique et le conte populaire moderne, écrit en Grèce, dans la langue des