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questions, elle se bornait à répondre en pleurant qu’elle voulait retourner at home. De guerre lasse, on dut appeler un cocher aux soins duquel on la recommanda ; elle monta en chancelant dans la voiture, qui s’éloigna au grand trot. Qu’est-elle devenue ? Je serais étonné si à peine arrivée à ce home qu’elle désirait tant revoir, elle n’avait pas dû se coucher pour mourir, et si elle ne dormait pas aujourd’hui dans la fosse commune d’un de ces lugubres cimetières qui sont, à Londres comme ailleurs, le plus sûr asile des malheureux.

Comment sont aménagées les infirmeries de ces workhouses, et quels soins y reçoivent les malades ? Pour répondre avec exactitude à cette question, il faudrait en quelque sorte les décrire une à une, car elles sont loin de présenter, au point de vue de la distribution intérieure des salles et au point de vue de la composition du personnel, l’organisation sensiblement uniforme des hôpitaux. En 1866, une enquête fut ouverte sur l’état de ces infirmeries par le bureau du gouvernement local (local government board) et les résultats de cette enquête ont été consignés dans un rapport peu flatteur qui a été distribué au parlement ; mais c’est précisément depuis cette enquête qu’une inspection plus sévère a été exercée sur les infirmeries des workhouses, et que la reconstruction d’un grand nombre de ces infirmeries a été décidée. Il ne serait donc pas juste de juger de tenir état présent par certains détails que l’enquête a révélés : femmes couchées deux par deux, enfans quatre par quatre dans un même lit ; cuvettes remplacées par des vases ayant une toute autre destination, etc.. Pour donner une idée de l’organisation actuelle de ces infirmeries, je crois préférable d’en décrire deux : celle qu’on peut considérer comme la mieux organisée de Londres, et celle qui peut passer pour un spécimen des plus défectueuses. On aura ainsi une idée assez exacte de l’état un peu incohérent de ces établissemens à Londres.

L’infirmerie de Chelsea est une des plus nouvellement construites ; elle est indépendante comme bâtiment et comme administration du workhouse de cette paroisse populeuse avec lequel elle communique par un passage souterrain. Cette infirmerie se compose d’un long bâtiment rectangulaire, construit en briques, auquel se rattache un petit pavillon séparé, affecté aux femmes atteintes de maladies contagieuses. Au centre du bâtiment se trouvent les appartemens des employés, médecins, gardes-malades, etc.. Les ailes sont formées par quatre grandes salles, dont deux au rez-de-chaussée et deux au premier, qui tiennent toute la largeur de l’hôpital et qui sont éclairées des deux côtés par d’assez larges fenêtres. Ces quatre salles contiennent environ 250 lits, presque toujours remplis, tout à fait à l’extrémité, une cloison vitrée établit une sorte