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de salle de convalescence pour les malades qui peuvent se lever. Les lits, beaucoup plus étroits que nos lits d’hôpital, sont assez serrés les uns contre les autres. Il n’y a cependant aucune odeur, grâce au procédé énergique de ventilation qui est usité en Angleterre, et qui consiste à tenir ouverte pendant presque toute la journée la partie supérieure des fenêtres. En somme l’installation, très simple, comme on le voit, de cette infirmerie, sans présenter aucune particularité digne d’éloges, ne prête pas non plus à la critique. Le côté faible, c’est l’insuffisance du personnel. L’infirmerie n’a qu’un unique médecin, qui est en même temps chirurgien, directeur et économe. C’est en effet un principe dans l’administration de ces établissemens de ne pas séparer, comme en France, la partie administrative de la partie médicale, et de concentrer toute l’autorité en même temps que toute la responsabilité entre les mêmes mains. On comprend que ce médecin-chirurgien-économe, aux prises avec ses deux cent cinquante malades, soit littéralement accablé sous le poids de sa besogne. Lorsque j’ai visité l’infirmerie de Chelsea il était environ quatre heures du soir. C’est à peine si le médecin, qui est cependant un jeune homme plein d’activité et d’entrain, avait terminé sa visite quotidienne. Il est vrai que parmi ses malades il compte un très grand nombre de chroniques. Mais si les chroniques ont moins fréquemment besoin des secours du médecin, ils sont, non moins fréquemment que les malades atteints d’affections aiguës, obligés d’invoquer l’assistance de leurs gardes-malades. Or le personnel des gardes-malades est aussi insuffisant que le personnel médical. Il n’y a pour toute l’infirmerie que cinq nurses (c’est le nom qu’on leur donne), dont quatre pour le jour et une pour la nuit. Chaque nurse a donc pendant le jour la charge d’une salle d’environ soixante malades, et, non moins que le médecin, elle est dans l’impossibilité d’accomplir sa tâche d’une façon satisfaisante. On va voir cependant que sous le rapport du personnel, aussi bien que sous le rapport de l’installation, l’infirmerie de Chelsea est une des plus favorisées de Londres.

L’infirmerie de l’Union d’Holborn est située dans Gray’s Inn Lane, c’est-à-dire dans un des quartiers les plus populeux de Londres. C’est un ancien bâtiment qui n’avait pas été primitivement disposé pour cet usage et dont les cours sont privées d’air et de lumière. Cette infirmerie est moins exclusivement consacrée aux malades proprement dits que celle de Chelsea ; elle contient en plus grand nombre des infirmes et des imbéciles[1]. Aussi la maison est-elle bondée depuis le rez-de-chaussée jusqu’aux combles. Elle abrite

  1. D’après l’enquête de 1866, la proportion des maladies chroniques, par rapport aux maladies aiguës, serait environ de moitié.