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et le lieutenant A. Lux, qui venait d’accomplir une brillante excursion dans une partie inconnue du bassin du Kvango ; pour l’Angleterre, sir Rutherford Alcock, président de la Société de géographie de Londres, sir Bartle Frere, vice-président du conseil des Indes, actuellement gouverneur de la colonie du Cap, sir Henry Rawlinson, si connu par ses découvertes à Ninive, le colonel Grant, qui avec son ami Speke a révélé l’existence des grands lacs de l’Afrique centrale, le commandant Cameron, dont le voyage de la côte orientale à la côte occidentale de l’Afrique par le lac Tanganyka et le Lualaba a eu un si grand retentissement, enfin quelques philanthropes éminens comme sir Harry Verney, sir John Kennaway, sir T. Fowell Buxton, M. W. Mackinnon et l’amiral sir Léopold Heath. La Belgique, n’ayant pas de voyageurs illustres, n’était représentée que par des personnes dont le concours pouvait contribuer au succès de l’œuvre dans le pays même, et l’un de ces membres belges, M. Emile Banning, vient de résumer dans un excellent ouvrage l’état de nos connaissances relativement à l’Afrique centrale, ainsi que les travaux de la conférence[1]. Après quatre jours de débats, dirigés par le roi Léopold lui-même avec infiniment de tact et de suite, on décida qu’il y avait lieu d’établir une ligne de stations permanentes depuis Bogamoyo, sur la côte de Zanzibar, jusqu’à Saint-Paul de Loanda, du côté de l’Atlantique, dans les possessions portugaises, en fixant les premières à Ujiji, sur la rive orientale du lac Tanganyka, à Nyangwé, sur le Lualaba, point extrême atteint au nord par Livingstone, et dans un endroit à déterminer dans les états de Muata-Yamvo, l’un des chefs les plus puissans de l’Afrique centrale. On suivrait ainsi l’itinéraire si glorieusement parcouru par le commandant Cameron.

Mais quels seront le caractère et la mission de ces stations? D’après l’avis unanime des voyageurs anglais et allemands, elles ne doivent rien avoir de militaire. Comme l’a très bien dit sir Bartle Frere, elles doivent agir par la douceur, par la persuasion, par l’ascendant naturel qu’exerce l’homme civilisé sur les races barbares. Toute force armée provoque l’hostilité des chefs ; si alors on veut se défendre, c’est la guerre et la conquête. Le personnel doit être peu nombreux, mais actif, dévoué et vigoureux. A la tête, il faut un homme habitué au commandement, un officier de marine par exemple, de plus un médecin naturaliste, et quelques artisans habiles, en état d’exercer diverses professions, un charpentier et un forgeron-mécanicien principalement. D’après une communication que je dois à l’obligeance de sir Fowler Buxton, la Free church

  1. L’Afrique et la Conférence géographique de Bruxelles, par M. Emile Banning, Bruxelles 1877.