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brille, généralement constitué par de l’aubier pour la plus grande part, le pin sylvestre vaut environ les trois quarts du hêtre.

Le prix des bois de pin varie nécessairement sans limites, comme la qualité. Peut-être trouverait-on sur le même marché, dans certains ports, du pin sylvestre en perches à 10 ou 15 francs le mètre cube et en mâts à 200 ou 300 francs. Nous ne connaissons aucun moyen de classer les pins sylvestres d’après le prix, et il est probable qu’il n’y en a pas. Le bois en est plus ou moins apprécié suivant qu’il est plus ou moins en usage dans une région et indépendamment de tout autre fait positif. Ainsi on en fait grand cas dans l’Allemagne du nord et on le prise peu en France. Dans l’intérieur de la Russie, où l’on a chêne et pin, le prix de ce dernier est environ les deux tiers de celui du chêne.

Les pins livrent encore un autre produit que le bois. Tous laissent exsuder de leurs plaies la térébenthine, dont on extrait l’essence et la résine ; tous abandonnent par la carbonisation du goudron et du brai. Dans la plupart des espèces, ce ne sont là que des produits secondaires ; cependant le pin maritime en Europe et le pin austral en Amérique ont le privilège de fournir des produits résineux de premier ordre par l’abondance et la qualité.

À partir de l’âge de trente ans, l’arbre d’or des landes de Gascogne donne chaque année sa récolte, qui découle pendant tout l’été d’une entaille faite au tronc. Cette quarre, large de 0m, 10, constamment rafraîchie et allongée jusqu’à prendre 2 pieds de hauteur en une année, peut s’élever à 10 pieds en cinq ans ; elle laisse écouler annuellement 2, 3, 4 litres de térébenthine. De nouvelles quarres succèdent à la première sur les diverses faces du tronc, et la récolte continue jusqu’à l’âge de soixante ans, ou plutôt jusqu’à la mort de l’arbre. On rencontre quelquefois de gros et vieux pins portant une foule de quarres ; il arrive même que les ourles, bourrelets intermédiaires, se soulèvent en découvrant d’anciennes quarres et forment alors au tronc un revêtement tailladé.

Le produit moyen de la pignada, entre la Gironde et l’Adour, est d’une barrique de gemme à l’hectare, 336 litres, d’une valeur ordinaire de 75 francs. Il en résulte un revenu moyen de 50 francs pour le propriétaire et un salaire de 25 francs pour le résinier. La forêt de pin maritime étant en rapport pendant la moitié de sa durée, la résine ajoute ainsi un rendement annuel moyen de 25 francs par hectare à la valeur du bois, non compris les salaires. C’est un vrai trésor pour ce pays, misérable et insalubre il y a cinquante ans, prospère depuis que la culture du pin maritime a été substituée au pâturage sur la lande rase.

Les menus produits des pineraies consistent principalement dans