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mode des éclaircies permet de concentrer les coupes principales pendant une longue période dans un canton, sur une partie de la forêt, le quart peut-être, en ouvrant au pâturage les trois autres quarts de l’étendue. Le canton mis en défends sera parcouru d’abord par des coupes qui enlèveront environ la moitié des arbres formant le massif: le terrain, s’il est réellement soustrait au pâturage, se garnira bientôt de semis; quand le recrû sera bien apparent, après une dizaine d’années par exemple, il y aura lieu d’enlever encore une moitié des vieux arbres conservés, une moitié seulement, de manière à réduire dans la mesure nécessaire les dégâts de l’exploitation. Les arbres restant ensuite, largement espacés, pourront être maintenus encore quelque temps sans dommage appréciable et souvent avec profit. Telles sont les conditions principales de l’exploitation des pins en montagne.

En plaine, c’est là aussi ce qu’il y a ordinairement de mieux à faire. On obtient ainsi la reproduction tout à la fois naturelle et gratuite ; le premier point est le plus important. Il y a parfois à prendre quelques soins particuliers. Le sol tassé, acide ou envahi par la bruyère, se présente-t-il en état peu favorable à la germination? L’extraction des souches et une légère culture superficielle et partielle suffiront à procurer le semis immédiat. Il y a mieux encore: la couverture du sol, aiguilles, feuilles mortes, végétaux sous-ligneux, recherchée par les populations riveraines, peut être enlevée au râteau avant la première coupe. Cette récolte a même une certaine valeur; ainsi dans les environs de Haguenau elle a été payée jusqu’à 100 francs par hectare; elle suffit d’ailleurs à modifier convenablement l’état du sol. Quand les pins se trouvent mélangés d’essences précieuses par elles-mêmes, chêne, liège, épicéa ou sapin, c’est aux exigences de celles-ci que les exploitations doivent s’adapter. La reproduction de l’arbre à tempérament robuste et à croissance rapide, pin ou autre, a lieu d’une manière suffisante entre les jeunes semis de chêne ou de sapin.

Les coupes blanches portant sur de grandes surfaces n’ont donné nulle part de très bons résultats, bien que la graine des pins soit ailée. A la suite de ces coupes, le semis se montre rarement complet, ou bien il se fait attendre de longues années, ou enfin il donne une forêt mal constituée, dépourvue des essences utiles en mélange, formée souvent d’arbres isolés ou épars. En Russie, les difficultés de la gestion avaient conduit à exploiter à blanc estoc les immenses pineraies des plaines centrales; on a été forcé d’y renoncer malgré des combinaisons bien entendues dans l’assiette des coupes longues et éloignées l’une de l’autre.

Il est facile de reconstituer les forêts de pin par voie artificielle, semis ou plantation; mais il est fort difficile de créer ainsi une