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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 20.djvu/81

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qui font demander et obtenir qu’on les envois d’office à Bicêtre. Disons à ce propos qu’il est regrettable que, faute d’installation pour les recevoir, les hôpitaux d’enfans ferment systématiquement leurs portes aux enfans épileptiques. La plupart des enfans admis d’office à Bicêtre sont déjà trop avancés dans la maladie pour pouvoir être traités avec un complet succès. Reçus plus tôt dans les hôpitaux d’enfans, ils auraient chance d’être radicalement guéris de cette terrible maladie qui, pour peu qu’on la laisse s’invétérer, défie les efforts de la science et réduit en quelque sorte à l’état animal ses infortunées victimes. Il y a là une amélioration urgente, réclamée depuis longtemps par la Société de chirurgie, et sur laquelle je me permets d’appeler, de mon côté, la sollicitude de l’administration.

L’espérance de rendre à leur famille un certain nombre d’enfans épileptiques sinon guéris, du moins améliorés, fait qu’on donne aussi des soins a leur éducation professionnelle et intellectuelle. On apprend à quelques-uns d’entre eux l’état de menuisier ou celui de cordonnier, et on leur constitue, en rémunérant leur travail, un petit pécule qu’ils dépensent, il est vrai, tout entier les jours de promenade à acheter des sucres d’orge et à monter sur les chevaux de bois. On les fait travailler au jardin, ceci surtout dans un intérêt d’hygiène et pour combattre leur tendance à la torpeur et à l’engourdissement. Dans le même dessein, on leur apprend la gymnastique, l’escrime, voire la danse. Leur professeur est un pensionnaire de l’institution, et il leur enseigne de préférence la danse qui était de mode en son temps : la gavotte. Plus grande est l’utilité des leçons qu’ils reçoivent à l’école ; mais l’enseignement des enfans épileptiques est une œuvre ingrate, non pas que leur intelligence soit plus rebelle que celle des enfans idiots, tout au contraire, mais parce que chaque attaque d’épilepsie leur fait oublier presque complètement ce qu’ils ont appris, et que la tâche est perpétuellement à recommencer. Cependant lorsque les attaques vont diminuant d’intensité et de fréquence, on arrive à des résultats assez satisfaisans et, grâce à ces leçons, grâce aux quelques élémens d’enseignement professionnel qu’on leur donne, le temps que passent dans ce triste séjour ceux qu’on peut rendre à la liberté n’est pas complètement perdu.

Le quartier des filles idiotes à la Salpêtrière présente, s’il est possible, des conditions d’installation encore plus défectueuses que le quartier des garçons idiots à Bicêtre. Une partie de ce quartier est même destinée à disparaître ; mais celle qui sera conservée, malgré quelques améliorations qui ont été apportées dans les dortoirs, n’en demeure pas moins absolument mauvaise. La population de ce quartier, qui s’élève environ à 120 enfans, ne se compose pas tout à fait