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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 20.djvu/868

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faites dans les environs de Buenos-Ayres, et la riche collection d’ossemens fossiles entassés dans le musée public de cette ville peut compter comme une des plus curieuses réunions d’objets intéressant la paléontologie. L’habileté et la science spéciale de M. Burmeister, depuis quatorze ans conservateur de ce musée, n’ont pas peu contribué à l’augmentation et à la classification de cette collection. En même temps une publication des plus intéressantes due à ses soins, — les Annales du musée public de Buenos-Ayres, écrites et répandues par lui dans toutes les bibliothèques d’Europe, — a permis au monde savant de connaître dans leurs détails scientifiques les exemplaires d’animaux disparus contenus dans ce musée, que son isolement dans un coin retiré du globe avait empêché jusque-là de fournir à la science les précieux renseignemens aujourd’hui divulgués. Décrire cette collection, ce serait passer en revue tous les mammifères éteints de l’Amérique du Sud. Bien que la liste ne puisse en être considérée comme fermée, elle est aujourd’hui assez longue pour laisser entrevoir une période préhistorique où le continent sud-américain et le territoire pampéen en particulier étaient couverts d’un nombre considérable d’animaux, presque tous de taille gigantesque. Nous ne saurions tenter de suivre le savant auteur des Annales dans la description détaillée de toutes les espèces et de toutes les variétés découvertes et classées, il nous suffira de donner un aperçu de nature à compléter la physionomie générale du territoire pampéen à l’époque géologique antérieure à la nôtre.

Disons tout de suite que rien jusqu’ici n’est venu confirmer l’hypothèse timidement émise par quelques savans de l’existence de l’homme dans ces régions à une époque contemporaine des mammifères éteints. Cependant des ossemens humains mêlés à des ossemens de mégathériums ont été trouvés au Brésil par le docteur Lund; mais cet auteur n’a pas affirmé que ces ossemens fussent fossiles, il a dit seulement qu’ils avaient les caractères du fossile et que leur crâne ne ressemblait pas à celui des races actuelles, qu’il était plus petit, que le front en était plus fuyant et se rapprochait du type du singe. Ces crânes diffèrent de ceux trouvés dans l’Amérique du Nord et décrits par M. Lyell, qui les rattache à l’époque des alluvions les plus anciennes de l’époque moderne. Jusqu’ici l’on n’a pas découvert d’ossemens de singes fossiles dans la pampa ni même dans l’Amérique du Sud ; par contre, les autres mammifères sont exceptionnellement nombreux.

On a trouvé en effet dans ces lieux des squelettes entiers et des parties de squelettes, suffisantes pour servir de base à une restauration d’animaux appartenant à peu près à tous les genres parmi les carnassiers, les félins, les édentés, les pachydermes; un tigre, d’une taille un peu plus grande que celle du tigre actuel de l’Inde,