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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 21.djvu/835

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LE
SALON DE 1877

II[1]
PORTRAITS, TABLEAUX DE GENRE, PAYSAGES.
LA SCULPTURE


V

A entendre Pascal, « le moi est haïssable, » mais à voir les innombrables portraits du Salon, il ne paraît pas que le moi soit haï. C’est un envahissement. Dans telle salle, il y a trente-deux portraits sur quatre-vingts toiles exposées ; sur tel panneau, on compte huit portraits pour neuf paysages, natures mortes, peintures religieuses, tableaux d’histoire et de genre ! Aussi le Salon a-t-il quelque peu l’aspect d’un gigantesque album de portraits-cartes dont chaque feuillet serait un panneau. La manie du portrait prend un caractère épidémique ; elle gagne chacun. Il ne suffit plus d’avoir un portrait de face ou de profil, on en veut un autre de trois quarts, un autre de profil perdu. On a son image sur toile et sur bois, à l’huile, à l’aquarelle, au pastel, au fusain, en marbre et en terre cuite. On ne se contenté pas d’ailleurs du portrait de sa tête ; on veut le portrait de sa robe, de ses diamans, de son chien, de son cheval, de ses décorations, de son uniforme, de son bel habit de conseiller de préfecture. Vanity fair, dirait Thackeray, « vieux habits, vieux galons ! » dirait Thomas Vireloque, à la vue

  1. Voyez la Revue du 1er juin.