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de ses premiers sermons : « Le 3 décembre 1643, M. le coadjuteur prêcha à Saint-Jean, où était la reine, avec toute la suffisance et éloquence possible, dont chacun espère beaucoup de fruit, quand il sera archevêque de Paris… » Le bonhomme Cospéan, évêque de Lisieux, son maître d’éloquence et de théologie, en pleurait de joie. Tout Paris courait à ses avens et à ses carêmes. La Gazette enregistrait avec le plus grand soin ses succès qui allaient chaque jour en grandissant, et elle le comblait d’éloges. Un jour (30 juillet 1646), à Fontainebleau, devant le jeunes roi et la reine-mère, parlant au nom de l’assemblée du clergé, « il porta la parole avec tant de grâce et d’éloquence que tous en demeurèrent grandement satisfaits. » En janvier 1648, le roi vient à Notre-Dame, afin d’y rendre grâce à Dieu du rétablissement de sa santé, et le coadjuteur lui adresse « un pieux et éloquent discours » pour le féliciter de cet heureux événement. Le 25 août de la même année, il prononce dans l’église de Saint-Louis, des jésuites, « une très docte et très élégante prédication (le panégyrique du saint roi) en présence de leurs majestés, de Monsieur, de Mademoiselle, de son Éminence (le cardinal Mazarin) et de toute la cour. » Le 21 novembre suivant, dans l’église des Filles-Sainte-Marie, « il prêcha très doctement, suivant sa coutume. » Le jour de Noël 1649, « il prêcha très doctement, à son ordinaire, dans l’église Saint-Germain-l’Auxerrois. » Le 5 mars 1650, ajoute la naïve Gazette, M. le coadjuteur, « voulant rendre son zèle et sa doctrine non moins exemplaires que ses mœurs, prêcha dans la plus populeuse paroisse de l’univers, celle de Saint-Eustache, où se trouvèrent son altesse royale (le duc d’Orléans) et plusieurs autres princes, seigneurs et dames de haute condition, outre la foule incroyable de ses autres auditeurs, qui s’en retournèrent tous merveilleusement satisfaits. » Le 1er novembre 1652, devenu cardinal depuis quelques mois, il fit à Saint-Germain-l’Auxerrois, en présence du roi et de la reine-mère, « un sermon digne de son bel esprit sur le sujet de la fête (de la toussaint). » voici en quels termes Loret, dans sa Muse historique, parle du succès qu’obtint ce jour-là l’orateur :

«… Notre église était si pleine
De gens pour l’entendre prêcher,
Qu’on n’en pouvait presque approcher.
Heureux qui pouvait avoir place,
Soit par amitié, soit par grâce,
Soit en donnant un quart d’écu,
Soit par compliment, soit prière,
Ou par quelque autre manière.