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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 22.djvu/393

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Le duc de Saint-Louis, gentilhomme français de l’ancienne école, vieillard galant, sceptique et plein d’esprit, approuve ses scrupules d’une part et déplore de l’autre l’ennui profond où semble plongée lady Hilda au milieu du luxe et des plaisirs. Il imagine de rendre service à ses deux amis en les unissant. La diplomatie dont il se pique est d’ailleurs inutile en ce cas, l’amour s’étant mis de la partie, mais, au moment où tout semble marcher à souhait, un mystère se découvre. Lady Hilda, veuve d’un grand capitaliste, ne jouit de la colossale fortune que lui a laissée son époux défunt qu’à la condition de ne pas se remarier. Della Rocca, qui a commencé pourtant par courtiser les beaux yeux de la cassette, n’a aucun souci de cette révélation. Au contraire, les susceptibilités de son âme vraiment noble s’étaient éveillées à mesure qu’il devenait amoureux ; désormais il ne lui sera que plus facile de s’abandonner au penchant qui l’entraîne vers lady Hilda.

Toutes les délicatesses les plus exquises sont attribuées ici au grand seigneur italien, si simple et si digne dans l’adversité, entourant la femme d’un respect chevaleresque, poète et artiste presqu’à son insu, sans l’ombre de vanité, un peu indolent peut-être, mais d’une distinction raffinée, trop honnête et trop fier pour se faire de la politique une carrière lucrative, toujours prêt, en revanche, à servie son pays l’épée au poing, que ce soit dans la campagne de 1859, dont les résultats par parenthèse l’ont quelque peu désappointé, ou contre les brigands de la Sicile. — Lady Hilda, quelque blasée qu’elle soit sur les hommages, subit une sorte d’attrait magnétique ; l’amour fervent dont elle est l’objet l’attendrit, la fascine ; pourtant elle ne se résigne qu’à grand’peine à descendre du trône que lui font ses richesses. Enfin elle cède, elle prend son parti d’abdiquer l’éclat en échange du bonheur, elle se contente de la sainte médiocrité qu’a chantée le poète. Nous ne la plaignons pas, d’autant que cette médiocrité est encore passablement dorée ; mais il va sans dire que sa grande sagesse est taxée de folie par tout Floralia cosmopolite. Espérons que, quand elle sera Mme della Rocca, son mari ne lui permettra plus de voir pareille horde de désœuvrés et de femmes perdues !

Des portraits vifs et malicieux, de ravissantes promenades aux environs de Florence, le tableau de la fière et élégante pauvreté de della Rocca dans sa villa ruinée de Palestrina, quelques scènes enfin vraiment pathétiques, mais au fond desquelles sonne toujours par malheur la question d’argent, qui, quoi que l’on fasse, ne sera jamais intéressante, recommandent ce roman curieux, où les vieilles faïences, les boutades intempestives au nom de la morale,