les étages supérieurs appartiennent à la cour de cassation ; un dégagement intérieur permettait jadis de sortir de la Conciergerie et d’aboutir à l’angle gauche de la grande cour, — la cour de Mai, — du Palais de Justice. On l’a souvent confondue avec le dépôt ; la plupart des otages survivans qui ont écrit le récit des faits dont ils avaient été les témoins ont commis cette erreur et ont raconté qu’ils avaient été préalablement incarcérés à la Conciergerie, où cependant ils n’ont pas mis le pied.
Le directeur régulier, M. Fontaine, ancien capitaine en retraite, n’avait pu, après le 18 mars, se refuser à écrouer les détenus qui lui étaient adressés par les nouveaux maîtres de l’ex-préfecture de police. Une affiche officielle du gouvernement de l’insurrection ayant enjoint à tous les employés d’avoir désormais à lui obéir, M. Fontaine crut devoir se retirer et adresser à ses subordonnés une sorte de proclamation, dans laquelle, après les avoir remerciés du concours dévoué qu’ils lui avaient prêté pour assurer le service, il disait : « Aujourd’hui ma ligne de conduite est toute tracée, nous devons nous retirer à Versailles auprès du seul gouvernement que tout bon citoyen doit défendre. » Cette instruction porte la date du 30 mars, et les employés s’y seraient probablement conformés, si, dès le lendemain, les ordres provoqués par le président Bonjean, immédiatement expédiés par M. Lecour, n’étaient venus modifier leur intention. Ils comprirent que l’administration à laquelle ils appartiennent, toujours active au bien et adoptant, sans hésiter, un compromis propre à éviter de grands malheurs, leur imposait un devoir très-difficile, très périlleux à suivre, mais dans lequel il fallait se maintenir imperturbablement. La situation anormale où ils se trouvaient les avait déjà préoccupés, et deux d’entre eux s’étaient courageusement rendus à Versailles pour consulter leurs chefs hiérarchiques. Dans la matinée du 30 mars, M. Durlin, second greffier, et le surveillant Génin montèrent dans la charrette du sieur Fusil, blanchisseur des prisons de la Seine et demeurant à Boulogne. Cachés sous des paquets de linge sale, ils purent franchir les fortifications, gagner Versailles et recevoir de la bouche même de M. Lecour l’invitation de ne quitter la Conciergerie qu’à la dernière extrémité. Ainsi se trouvait heureusement annulé l’ordre du jour du directeur régulier. MM. Durlin et Génin revinrent à Paris reprendre leur service, réconforter leurs compagnons et se préparer à la tâche qui leur incombait. Cette tâche fut moins pénible pour eux qu’ils ne l’avaient cru. Les dimensions assez étroites de la prison y furent pour quelque chose, car elles ne permettaient pas de l’encombrer de détenus politiques et de suspects comme l’on fit au dépôt, à Mazas et ailleurs ; mais le directeur nommé par la commune ne les contraria pas dans leur œuvre de préservation. Il