La seconde source de revenu et la plus productive est l’octroi. Les droits que les objets de consommations diverses paient pour entrer dans Paris atteignaient en 1869 107 millions 1/2 en chiffres ronds ; l’exercice 1871 les voit tomber à 60 et se relever à 103 dès 1872 ; les comptes de 1875 portent à plus de 118 les recettes effectuées : c’est le chiffre adopté dans le règlement du budget de 1877. La cause principale de ces variations si brusques se présente naturellement à l’esprit : avec l’inquiétude, les désordres, le chiffre de la population s’abaisse, la consommation diminue rapidement ; l’effet contraire se produit non moins vite dès que renaît le calme. Une seconde cause de l’augmentation de l’octroi parisien, c’est l’augmentation des taxes. Paris a fait ce qu’a fait le pays entier. Dès le 31 décembre 1870, le gouvernement décrétait pour l’année suivante le maintien du double décime sur toutes les taxes de l’octroi de Paris, décrété en 1848 et en 1851. Douze mois plus tard, on prorogeait jusqu’en 1876 les surtaxes imposées sur les vins et on établissait à l’octroi de la ville de Paris une surtaxe sur l’alcool, dont le principal était porté à 66 fr. 50 cent, l’hectolitre. En 1872, les verres à vitres, les glaces et les bouteilles étaient également imposés. Enfin la loi du 12 avril 1873 frappa le vin en cercles et en bouteilles, les alcools dénaturés, les huiles, etc., de nouvelles taxes surélevées, comme toujours, du double décime, qui seront perçues jusqu’en 1879 et dont le produit est applicable aux dépenses municipales ordinaires.
Il serait assurément très instructif de suivre, par exemple, dans les comptes de 1875 le détail des objets divers de la consommation parisienne, d’en comparer le total avec la taxe payée et de voir ce que celle-ci impose de sacrifices aux habitans riches ou pauvres pour leur alimentation. C’est dans les élémens multiples de cette étude que l’économiste trouverait ample matière à des considérations morales d’une haute portée sur la proportionnalité et l’équité des impôts indirects, si, dans certaines éventualités et quand il s’agit, par exemple, de pourvoir à la principale de toutes les obligations, c’est-à-dire au rétablissement de l’ordre financier, le premier mérite d’un impôt n’était pas la facilité avec laquelle il se perçoit, et, sous ce rapport l’octroi, qui donne lieu à certains embarras administratifs et à des lenteurs matérielles, n’en est pas moins encore l’impôt dont l’habitant consommateur s’aperçoit le moins. Pour les boissons, dont la quantité s’élevait à près de 4,250,000 hectolitres, l’octroi de Paris a fourni dans les comptes de 1875 plus de 57 millions de francs, et plus de 11 pour les liquides d’autre nature, huiles, vinaigres, vernis, etc. ; les comestibles ont produit 22 millions pour 187 millions de kilogrammes entrés dans