chercha sérieusement le souterrain qui, du séminaire de Saint-Sulpice, aboutissait directement au château de Versailles. Le 24 mai, lorsque le garçon boucher, colonel des gardes de Bergeret, Victor-Antoine Bénot, fut sur le point de mettre le feu aux tuileries, il voulut savoir où s’ouvrait le souterrain qui reliait le palais à l’église Saint-Germain-l’Auxerrois. Courbet, que sa fréquentation avec quelques gens d’esprit aurait dû empêcher de croire à de tels enfantillages, exigea qu’on lui livrât la clé du souterrain qui faisait communiquer les tuileries et l’Hôtel de ville. Le fonctionnaire auquel il s’adressait crut à une plaisanterie, à « une charge d’atelier, » et se mit à rire. Courbet se fâcha tout rouge, et, obéissant à la mode du jour, parla de faire fusiller l’administrateur récalcitrant ; celui-ci ne fît plus aucune objection, s’éloigna sous prétexte d’aller chercher la clé réclamée et ne revint plus. Pour une bonne partie du peuple de Paris, les collecteurs, les égouts que nous avons vu faire, ne sont autre chose que des chemins mystérieux et cachés dont la tyrannie sait user aux momens opportuns. Une telle aberration s’explique : le souterrain est, si l’on peut dire, le principal personnage des romans populaires publiés par les petits journaux, et l’on cherche sincèrement dans la vie réelle ce qui n’appartient qu’à de médiocres fictions.
La Brunière de Médicis et Méphisto s’étaient donc juré de mettre au jour la longue et profonde cave qui, réunissant Saint-Lazare à Argenteuil, permettait à la supérieure de faire passer des armes aux réactionnaires de Versailles. En hâte, ils avaient commencé les fouilles sous la salle de bains de la deuxième section. On avait beau piocher, la terre sonnait « sourd » et n’indiquait aucune cavité voisine. « Ces nonnes se moquent de nous ! » disait La Brunière, et on faisait appeler sœur Marie-Éléonore, qui eût volontiers ri au nez de son interlocuteur, si le costume rouge et les pistolets de Méphisto, si les jurons et les menaces de La Brunière ne l’avaient un peu émue. La pauvre sœur affirmait que le souterrain n’existait pas, que jamais elle, n’en avait entendu parler, et qu’au lieu de lui demander de pareilles sornettes on ferait bien mieux de la laisser dormir. La Brunière était entêté et n’en voulait démordre. — S’il n’y a pas de souterrain allant jusqu’à Argenteuil, vous en connaissez certainement un qui conduit à l’église Saint-Laurent, il faut nous en montrer l’entrée. — La discussion recommençait, et l’on entreprenait sur un autre point des fouilles toujours vaines. Ces scènes, aggravées de brutalités et d’injures, se renouvelaient incessamment ; deux nuits sur trois, la communauté était certaine d’être réveillée par de semblables alertes. Cette enquête violente dirigée vers un objet de pure imagination devenait, par sa persistance même, une cause d’énervement continu, voir fouir le sol, ébranler