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extension de l’ancienne. Les transformations portent sur les noms plus que sur les choses. Cinq directions (sans compter les bureaux spéciaux des chiffres, du protocole, des traducteurs) se partagent les travaux du ministère, depuis le décret du 1er février 1877. La direction politique, qui date de 1815, n’est que la réunion des deux anciennes directions politiques, qui forment maintenant des sous-directions, et auxquelles on a adjoint une sous-direction spéciale pour les affaires de l’Amérique. Quant aux directions des consulats, des archives et chancelleries, du contentieux politique et commercial, et même des fonds, elles ont manifestement pour raison d’être l’énorme accroissement des relations de tous genres créées entre les états par la facilité des communications.

Il y avait du reste une raison toute particulière pour que le département des affaires étrangères fût modifié moins profondément que les autres administrations pendant la révolution française. On ne pouvait pas, en cette matière, agir en toute liberté comme en ce qui concerne l’armée, les magistrats, les maires ou les préfets. Tant que la révolution persista à s’écarter des pratiques de l’ancienne diplomatie, la France fut dans le plus complet isolement. Le jour où la convention voulut renouer des relations avec l’Europe, elle fut forcée de recourir à l’observation du droit des gens antérieur, et de remettre en vigueur, pour sa part, les usages qu’elle avait condamnés d’abord. Il le fallait bien, puisque l’Europe négociait et traitait comme autrefois, sans égard pour les principes et les théories révolutionnaires. Et à mesure que les conventionnels reprenaient l’ancienne politique des rois, — à laquelle ils rendaient eux-mêmes hommage, — les divers services des relations extérieures reprenaient peu à peu leur ancienne forme, par la nécessité même. La diplomatie, c’est le droit des gens appliqué : un état ne peut pas plus modifier les conditions et les règles de la diplomatie, qu’il ne pourrait changer tout seul les coutumes qui constituent le droit des gens. Il faut nécessairement tenir compte des autres pays. Ainsi s’explique comment, au ministère des affaires étrangères, les réformes partielles qui étaient bonnes ont seules subsisté, et comment tous les projets de réorganisation fondamentale imaginés pendant la révolution et partant d’idées préconçues n’ont jamais pu être efficacement réalisés.


GEORGE COGORDAN.