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pour être forte partout. L’apparition d’Osman-Pacha a été le signal d’une lutte acharnée et sanglante engagée au sud de Nicopolis, autour de la petite ville de Plewna, où les Turcs ont habilement pris de fortes positions défensives. A vrai dire, il y a eu plusieurs batailles. Le 31 juillet, où plus de 50,000 hommes ont été engagés, paraît avoir été une journée particulièrement meurtrière et même désastreuse pour les Russes, qui ont été définitivement repoussés. Le résultat évident est une situation des plus critiques pour les Russes, obligés par cet échec à redevenir prudens. Le général Gourko paraît avoir rétrogradé. Le grand-duc Nicolas a rapproché son quartier-général du Danube. Le gouvernement de Saint-Pétersbourg s’occupe de nouvelles levées dans l’empire, et d’un autre côté le cabinet russe négocierait à Vienne pour obtenir quelque liberté d’action par la Serbie; mais il faut du temps, la saison favorable passe, et c’est désormais une question de savoir si les Russes pourront dans cette campagne venir à bout des armées turques toujours intactes. Le chemin de Constantinople est ouvert, disait-on il y a quelques jours; il s’est refermé, et la guerre revient presqu’à son point de départ.


CH. DE MAZADE.


ESSAIS ET NOTICES.

BACTERIDIES ET VIBRIONS.


Les idées nouvelles sont capiteuses comme le vin nouveau : elles grisent facilement, s’emparent des esprits et les entraînent à des exagérations qui finissent par amener une réaction d’incrédulité. C’est ce qui est arrivé pour la doctrine des fermens organisés, dont on a étendu outre mesure les conséquences en y cherchant l’explication de toutes les maladies épidémiques ou contagieuses. La réaction ne s’est point fait attendre; déjà quelques médecins vont jusqu’à nier que certaines maladies, pour lesquelles le fait ne paraissait plus douteux, puissent être dues à des organismes microscopiques. Les auteurs d’un traité de microscopie sont revenus, dans une nouvelle édition de leur livre, sur toutes les concessions qu’ils avaient faites dans ce sens, en déclarant que jamais les infusoires ne devront être considérés comme la cause prochaine des maladies infectieuses, que tout au plus on pourrait les regarder comme les agens de certaines complications de ces maladies.

Ces flux et reflux de l’opinion ne sont cependant pas sans utilité pour le progrès de la science, ils secouent la torpeur des partisans de la routine, et de la discussion jaillit la vérité. Il n’est pas bon que les nouveautés soient acceptées trop facilement : on a le droit de leur demander