quatre engagés d’une manière permanente aux mines de cuivre de Burra-Burra ? On n’a jamais pu leur donner le goût du home ; cependant on a pu leur apprendre les arts qui le construisent, car un certain nombre d’entre eux sont charpentiers et maçons. Doués de cette adresse et de cette subtilité qui sont communes à toutes les races sauvages, ils sont bons dompteurs de chevaux, bons chasseurs et, paraît-il, détectives excellens, car la police dans Queensland et dans l’Australie de l’ouest est faite ; tout entière par les aborigènes. Nous venons de dresser d’après M. Trollope le bilan des bienfaits de la société australienne envers les aborigènes et le bilan des services que les ; aborigènes rendent à cette société ; ils sont maigres l’un et l’autre, mais il nous semble que, tous comptes balancés, les deux parties se doivent peu de chose.
La société australienne a fait cependant quelque chose de très sérieux pour les aborigènes, elle leur a construit des prisons. M. Trollope a visité l’une des principales qui se trouve dans l’Australie de l’ouest, en l’île de Rottnest, vis-à-vis la ville de Freemantle. Il y trouva soixante-cinq condamnés noirs occupés à faire pousser du blé dans des terres sablonneuses et à extraire du sel des petits lacs salés de l’île. Ces convicts noirs ne coûtent pas cher non plus à la colonie, car les frais de l’établissement, sauf les salaires des employés, sont défrayés par leur travail. On a jugé inutile de leur donner un chapelain, ce que M. Trollope trouve tout naturel, et ce que nous nous permettrons, nous, de trouver peu digne d’une société chrétienne. Un chapelain leur était dû, ne fût-ce que par respect pour la forme, car Brid’oison a souvent raison au point de vue social. La plupart de ces malheureux sont criminels sans le savoir, car, ainsi que M. Trollope le remarque avec justesse, ils sont souvent punis par des lois qu’ils ignorent, qui ne sont pas les leurs, et pour des actes qui ont été souvent accomplis pour se conformer à ces dernières. En voici un exemple curieux. La plupart des crimes commis par les aborigènes sont des meurtres, mais ces meurtres sont fréquemment des revanches de tribu à tribu. Un homme est tué dans une tribu, ou même meurt simplement de sa mort naturelle, alors le chef juge bon de rétablir l’égalité en faisant tuer un homme de la tribu voisine. Il désigne un meurtrier, et si celui-ci n’obéit pas, il est en butte aux mauvais traitemens de toute la tribu. M. Trollope eut avec un de ces criminels le petit bout d’instructive conversation que voici : « Le chef venir, lui dire, vas tuer Cracko. Moi pas aimer cela, lui dire, il faut. Cela pas plaire à moi beaucoup, lui avoir lance, — ici un geste pour montrer le cruel chef lardant son sujet désobéissant, — alors moi aller tuer Cracko, » On le voit par cet exemple, M. Trollope a parfaitement raison de dire que ces hommes sont punis pour des lois qui ne sont pas les leurs, et