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LES ENCHAINEMENS
DU MONDE ANIMAL
DANS LES TEMPS GEOLOGIQUES

A mesure que les découvertes paléontologiques se multiplient, elles nous révèlent de plus en plus la mobilité des êtres dont notre planète a vu les successifs épanouissemens. Toutes les créatures ont été éphémères, et celles dont l’existence a été la plus courte sont souvent celles-là même qui ont eu le plus de puissance. Les animaux cités parmi les principaux représentans des âges passés, comme le dinothérium, le dinocéras, le brontothérium, le sivathérium, l’helladothérium, l’ancylothérium, ont eu une courte durée ; on dirait que plus ces géans ont dépensé de force vitale, plus vite cette force s’est épuisée en eux ; dans le monde animal, les royautés n’ont pas été longtemps héréditaires. La diversité des êtres fossiles est si immense qu’elle est incompréhensible pour l’entendement humain : à chaque moment des temps géologiques s’est épanouie une forme nouvelle ; il y a dans ce mouvement perpétuel de la vie quelque chose de vertigineux.

Heureusement, au milieu de tant de mobilité, notre esprit aperçoit çà et là des enchaînemens qui peuvent nous servir de fils conducteurs. A côté de leurs différences, les êtres qui ont apparu dans les diverses époques ont souvent gardé des traits de ressemblance. Étant les derniers venus de la création, nous n’avons pas assisté à leur naissance. M. d’Archiac disait : « Nous sommes comme les éphémères qui meurent au soir du jour qui les a vus naître ; nous n’avons pas eu le temps de contempler les métamorphoses du monde organique. » Cependant, lorsque nous interrogeons les débris