le conclure de son récit quand on a quelque expérience de la tournure que les chefs militaires déçus dans leurs espérances savent donner à l’aveu de leurs revers. Un moment, quelques légionnaires parvinrent à escalader les remparts ; mais la défense fut acharnée, Vercingétorix accourut au galop avec des renforts qui chargèrent avec la furie héréditaire, et les Romains furent repoussés avec de grandes pertes, laissant, nous dit César lui-même, 46 centurions ou capitaines sur le champ du combat. En même temps, il apprenait que le peuple éduen se prononçait décidément contre lui ; sa position devenait très difficile, il allait être assiégé à son tour. Après un simulacre d’offre de bataille rangée, piège dans lequel Vercingétorix se garda bien de tomber, il décampa avec une rapidité qui donnait à sa retraite toutes les apparences d’une fuite, il repassa l’Allier et ne songea plus qu’à rejoindre au plus tôt Labienus dans le pays de Sens. Il voyait clairement qu’il n’avait pas trop de toutes ses forces pour tenir tête à la marée montante de l’insurrection nationale. La Gaule n’avait plus qu’un cœur et une âme, et Vercingétorix l’avait en réalité battu sous les murs de Gergovie.
Ce fut un grand bonheur pour César que d’avoir en Labienus un lieutenant digne de lui par son énergie et sa capacité militaire. Ses vaillans services l’avaient recommandé de bonne heure à la faveur de son général. Il avait pris parti pour lui à Rome contre le sénat. Il avait épousé chaleureusement l’idée de la conquête des Gaules. En écrasant les Trévires insurgés, il avait tiré César d’un terrible embarras. Ses légionnaires lui avaient apporté un beau matin la tête du trévire Induciomar, inspirateur et chef de la révolte, et il ne se doutait guère que, peu d’années après, d’autres légionnaires apporteraient la sienne à César le soir de la bataille de Munda. C’était un soldat ambitieux, rude, plébéien d’idées et de manières. César lui avait confié 20,000 hommes d’excellentes troupes, avec de la cavalerie. Il avait reçu pour instructions de s’emparer de Lutèce et d’y tenir jusqu’à ce que son général, maître de Gergovie, put venir se joindre à lui pour faire dans le nord ce qu’il se flattait d’accomplir promptement au midi. Cette position de Lutèce, oppide insulaire, intermédiaire entre la Gaule proprement dite et la Gaule belgique, était d’une grande importance, reconnue aussi par les Gaulois du nord. En effet, Labienus, à peine arrivé le long de la rive gauche dans le voisinage de l’oppide parisien, vit une armée gauloise, commandée par le vieux Camulogène, garnir toute la colline d’Athis et occuper en force les terrains voisins du confluent de l’Orge et de la Seine. En vain Labienus voulut débusquer les Gaulois de cette position habilement choisie. Le combat ne prit fin qu’à la nuit, et les Romains durent se dérober à la faveur des ténèbres. Labienus alors remonta rapidement la rive gauche et s’empara