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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 23.djvu/622

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LA
POLITIQUE FRANCAISE
EN COCHINCHINE


I

Nos colonies, même les plus anciennes et les plus florissantes, nous coûtent très cher ; c’est ce qui a été démontré ici même pour la Martinique, la Guadeloupe et la Réunion[1]. Comme contraste, et pour la rareté du fait, nous avons à faire le tableau d’un établissement français d’outre-mer, tout nouvellement créé, dont les débuts remontent à moins de vingt ans, qui, loin de nous rien coûter, présente dès aujourd’hui un excédant de revenu dont nous sommes libres de profiter : c’est la Cochinchine française, qui, cette année, peut verser au trésor une somme disponible de 2,200,000 francs, Si les progrès de cet établissement colonial ne sont point entravés, s’il continue à jouir, malgré le trouble profond du vieux monde, des bienfaits de la paix, nous pourrons le voir avant longtemps dépasser de beaucoup le niveau des ressources financières qu’on pouvait espérer d’un territoire restreint.

La France, en prenant possession de ce territoire, a donc fait une bonne acquisition. Cependant il convient de montrer comment, par une singulière timidité, nous avons borné à des limites trop étroites une conquête dont l’importance pouvait être facilement décuplée, sans doute parce que nous avons été entraînés a conquérir la Cochinchine par des événemens que nous n’avons pas dirigés.

Lorsque nous avons pour la première fois débarqué des troupes

  1. Voyez, dans la Revue du 1er avril, notre étude sur les Colonies françaises et le budget.