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REVUE. — CHRONIQUE.

pour être placé dans la mémoire des hommes au rang que semblerait devoir lui assigner son ancienne prouesse guerrière, l’honneur d’avoir produit une œuvre comme le Livre des rois.

G. P.


I. Acoustique biologique. — Phénomènes physiques de la phonation et de l’audition, par M. J. Gavarret, professeur de la faculté de médecine de Paris, 1 vol. in-8° ; Masson. — II. Le Son et la Musique, par M. P. Blaserna, 1 vol. in-8° ; Germer-Baillière.

Depuis vingt ans, l’acoustique est devenue, pour ainsi dire, une science nouvelle, grâce aux ingénieux moyens d’observation qui permettent à l’œil de se substituer à l’oreille et de nous affranchir ainsi du moins fidèle de nos sens. Il n’est plus besoin désormais, pour étudier l’acoustique, d’avoir l’oreille très juste : les méthodes d’enregistrement graphique des vibrations sonores, les procédés optiques de M. Lissajous, les flammes vibrantes de M. Kœnig, qui dessinent dans un miroir tournant une traînée lumineuse dentelée, fournissent au physicien une foule de moyens de pénétrer dans les secrets les plus intimes des phénomènes du son. Cette salutaire et féconde révolution, qui a dégagé l’acoustique des voiles dont elle semblait s’envelopper pour les profanes, frappe les yeux lorsqu’on ouvre un des nombreux traités qui ont paru sur cette matière depuis quelques années, et parmi lesquels le plus récent est celui de M. Gavarret, professeur de physique à la faculté de médecine de Paris. Les sons s’y montrent tantôt sous la forme de tracés onduleux aux replis bizarres, tantôt sous celle de rubans lumineux déchiquetés ou de sillons blanc plus ou moins entortillés qui se peignent sur un écran noir : ce sont des notes musicales écrivant elles-mêmes leur intervalle en traits de feu, ou révélant leur timbre par une image qui flamboie.

Enfin l’étude des phénomènes de la voix et de l’oreille, du mécanisme de la phonation et de l’audition, a pu être poussée très loin par l’application du laryngoscope et de quelques autres instruments fort ingénieux. C’est surtout dans les chapitres que M. Gavarret a consacrés à ces deux phénomènes biologiques que l’on trouvera beaucoup de choses nouvelles et curieuses. On remarquera un résumé critique des diverses théories qui ont été proposées pour expliquer la production de la voix, depuis Hippocrate et Galien jusqu’à Malgaigne, J. Muller et Donders. M. Gavarret recommande à l’attention des physiologistes les vues de M. Donders sur la formation des sons de fausset et des sons de poitrine ; les premiers, d’après l’éminent professeur d’Utrecht, sont produits par le mouvement vibratoire localisé dans le ruban vocal fibreux, tandis que l’émission des sons de poitrine exige que la corde vocale vibre dans toute son épaisseur, en entraînant dans ses mouvemens certains muscles, durcis et rendus élastiques par la contraction. Cette explication, dit M. Gavarret, concorde avec les données positives de l’anatomie et de la physiologie ; il n’y a rien que de bien simple et de très naturel dans ce