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LA
GREVE DES CHEMINS DE FER
AUX ETATS-UNIS

II.
LA LUTTE.[1]


I

Tout étant bien arrêté, les chauffeurs, gardes-freins et aiguilleurs de la compagnie Baltimore et Ohio, attachés à la gare de Martinsburg, signifièrent à leurs chefs, le 16 juillet, que, si la compagnie ne consentait pas sous vingt-quatre heures à rétablir les salaires sur l’ancien pied, et à rembourser à tous les agens la réduction opérée depuis le 1er juin, ils cesseraient tout service, Là, comme partout, le secret le plus profond avait été gardé sur la conspiration qui s’ourdissait depuis plus de trois mois, et nul parmi les employés supérieurs du chemin de fer n’en soupçonnait l’existence et l’étendue. La compagnie Baltimore et Ohio, qui avait dans ses cartons près de dix mille demandes d’emploi, répondit à la sommation qui lui était faite par le renvoi immédiat de tous les agens réfractaires, et envoya à Martinsburg des agens nouveaux pour prendre leur place et assurer le service. L’arrivée de ces remplaçans exaspéra les grévistes, qui se précipitèrent sur eux, les arrachèrent des locomotives et des wagons, en maltraitèrent quelques-uns, et les expulsèrent

  1. Voyez la Revue du 1er octobre.