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des sources, intérieures, les emmagasiner, les aménager, s’en servir pour les irrigations nécessaires, trouver les moyens de les distribuer, de les retenir, de les diriger à son gré, et prévoir des éventualités de plusieurs sortes. Que faire d’eaux abondantes en des temps où l’émissaire ne pourrait pas fonctionner pour cause de réparations ou d’innovations par exemple ? Comment combattre des temps de sécheresse dans une plaine cultivée d’une si énorme étendue ? A toutes ces questions, à tous ces besoins, correspond une autre partie de l’entreprise du prince Torlonia, qui n’est pas moins intéressante que la première. Œuvre, de M. Brisse, à peu près exclusivement, non entièrement achevée encore, elle est assez avancée pour que du premier, coup d’œil, et comme à vol d’oiseau, on y voie éclater une belle ordonnance, logique, intelligente et simple.

De l’ancienne rive occidentale qui s’étend au pied du mont Salviano, le nouvel émissaire, prolongé en amont et en même temps abaissé, se dirige en droite ligne vers le fond du bassin lacustre. La galerie romaine avait environ 5,595 mètres de long ; la galerie moderne en a 6,301. Une vaste construction en pierre de taille, surmontée d’une immense statue de la Madone, avec une inscription en l’honneur de la Vierge et du prince Torlonia, sert à la fois de barrage et de tête à ce nouveau tunnel. A partir de là, et toujours en ligne droite de l’ouest à l’est, le visiteur peut s’embarquer pour remonter le courant d’un canal collecteur central, chargé d’amener à l’émissaire, à travers le barrage que nous venons d’indiquer, toutes les eaux du bassin lacustre. Le canal a 8 kilomètres de long, et il aboutit au bord occidental du bassin de retenue. Ce dernier nom désigne un vaste espace, d’une superficie de 2,200 hectares, enserré de tous côtés par une digue d’une hauteur de 2m,50 et d’un développement de près de 18 kilométras. Cet espace contient le vrai fond du lac ; les eaux tendent donc à y descendre, et il peut emmagasiner un volume de 21,413,000 mètres cubes. On devine quel doit être son rôle tout à fait indispensable pour assurer aux terres nouvelles une sécurité durable. Dans les occasions rares sans doute, où le volume des eaux apportées, au bassin lacustre serait plus considérable que celui qu’on peut faire écouler par l’émissaire dans le même temps, il doit servir à empêcher ou à limiter les inondations ; il doit aussi retenir ces eaux, dans les cas de suspension d’écoulement par le Liri. Pour les temps ordinaires, sans qu’on ait besoin d’inonder ce vaste réservoir, il suffit qu’un canal, prolongeant en amont le collecteur central, pénètre jusqu’au centre du bassin de retenue jusqu’au vrai fond du lac, afin d’y tout recueillir. D’ailleurs un système de canaux secondaires est chargé de diriger les eaux pérennes, celles des torrens et des