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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 24.djvu/139

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LES
CONTES DE POMIGLIANO

I. XII Conti pomiglianesi, illustrati da Vittorio Imbriani. Naples 1877. Dettzen et Rocholl. — II. L Canzonette infantili pomiglianese, illustrato da V. Imbriani. Bologne 1877.

Pomigliano d’Arco est un grand village qui s’étend au pied du Vésuve, sur la route de Naples à Nole. Ses habitans en sont fort épris et chantent volontiers ce refrain : « Je n’aime pas l’air d’Acerra, je n’aime pas l’air des vergers, j’aime Pomigliano la belle ; où je suis né je veux mourir. » Giordano Bruno devait passer par cette bourgade quand il allait de Nole à Naples. Ce dominicain du XVIe siècle, qui, révolté des mœurs de son couvent, jeta le froc aux orties, entra dans le protestantisme et passa outre, imagina une philosophie plus avancée que son temps et mourut sous les coups de l’inquisition en disant à ses juges : « votre arrêt vous fait peur plus qu’à moi-même, » Giordano Bruno riait volontiers comme Luther. Il écrivit contre l’avarice et la pédanterie une comédie un peu grasse, le Candelajo, qui fut regardée autrefois comme un imbroglio de mauvais goût et qu’on admire aujourd’hui comme un chef-d’œuvre. Un des personnages de la pièce, nommé Barra, fait le récit suivant, que nous abrégeons :

« Moi donc, qui ne suis pas si fort en rhétorique, je venais avant-hier de Nola par Pomigliano, seul seulet, sans compagnie ; après avoir mangé, n’ayant pas trop envie de payer, je dis au maître de la taverne : — Messire hôte, je voudrais jouer. — A quel jeu, dit-il, voulons-nous jouer ? J’ai ici un jeu de tarot. — Je répondis : — À ce maudit jeu, je ne peux gagner, parce que j’ai une mémoire