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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 24.djvu/164

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aussi. Le lendemain voici la Cathò : « Persillette ! Persillette ! jette en bas tes tresses et tire en haut ta mère. » Figurez-vous quelle confusion pour ces deux pauvres amoureux ! Comment faire ? comment faire ? Parce que, si Cathò les trouvait ensemble, qui sait comment la chose aurait tourné pour eux ? « Pas de crainte, j’ai le remède, dit Persillette. » Et ayant pris dans un coin la baguette, elle changea en fagot le fils du roi. Après elle descendit les tresses et fit monter sa mère. A peine la Cathò fut-elle entrée dans la chambre qu’elle voit tout de suite le fagot. « Oh ! ce qui est là, à quoi cela sert-il ? — Ho ! à quoi cela sert-il ? — A cuire de quoi dîner, répondit Persillette. Est-ce que vous ne vous rappelez pas que vous m’avez donné la baguette pour subvenir à mes besoins quand vous n’y êtes pas ? — La Cathò dit : — Oui, oui, tu as raison. Bravo, ma fillette. Donc fais les choses comme il faut, parce que je m’en retourne. Et je dois rester plusieurs jours dehors. Adieu, adieu. » Et elle s’en va pour rester quelque temps dehors faire ses affaires. Après trois ou quatre matinées, voilà que revient Cathò. « Persillette ! Persillette ! jette en bas tes tresses et tire en haut ta mère. » Mais Persillette, avant de la tirer en haut, changea le fils du roi en petit cochon. La Cathò dit : « Oh ! le joli petit cochon ! Qui te l’a donné, cet animal ? — Votre baguette, répondit Persillette : est-ce que vous ne vous rappelez pas vos enseignemens ? Je l’ai pour me tenir compagnie, afin de ne pas rester toute seule quand vous n’y êtes pas. » La Cathò dit ; « Bravo, ma fillette ! Conduis-toi toujours bien, sais-tu ? Mais il faut que je te quitte, parce que j’ai encore à faire dehors. Adieu, adieu ! » Et elle sort pour ses affaires. Quand la Cathò fut sortie, Persillette fit redevenir homme le petit cochon. Et ils décidèrent entre eux de se sauver ensemble. Mais Persillette avait peur que les meubles de sa chambre ne se missent à l’espionner, parce qu’ils étaient tous enchantés. Elle se mit donc en tête de les rendre bons pour elle. Elle dit aussitôt à la baguette : « Je veux une belle chaudière pleine de macaronis. » Et quand les macaronis apparurent dans la chambre, Persillette en donna une cuillerée à chaque meuble : une au lit, une aux chaises, une au miroir, en somme à tous ; mais elle oublia la caisse aux balayures. Ensuite, ayant pris les objets les meilleurs, Persillette et le jeune homme se laissèrent glisser de la fenêtre, et en route ! à toutes jambes, à travers champs.

« Laissons-les courir de cette façon, et revenons à la Cathò. Elle rentrait avec l’ogre son mari, et quand elle fut à la maison, elle hurle comme d’habitude : « Persillette ! Persillette ! jette en bas tes tresses et tire en haut ta mère. — Le lit répond : — Je ne puis, je suis au lit. — La Cathò dit : — Dépêche-toi, ne me fais pas attendre. — La chaise répond : — Je ne puis, je suis sur la chaise. — La Cathò reprend : — Oh ! qu’as-tu ce matin que tu es si paresseuse !