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dans ses rangs beaucoup de noms respectés. Le parlement suédois ne lui mesure pas avarement les subsides : la majorité, formée de ce qu’on appelle le parti des paysans, se montre fort parcimonieuse en général, excepté pour ce qui concerne les intérêts de la science ; elle a voté cette année 750,000 couronnes, plus d’un million de francs, pour la seule université d’Upsal.

Cela dit, et après avoir constaté que ce pays et sa principale école marchent fermement du même pas dans la voie du progrès, nous ne nous défierons pas à l’avance de fêtes simplement universitaires, où pourront se conserver quelques cérémonies du moyen âge, et où peut-être on parlera latin. Nous ne croirons avoir affaire pour cela ni à de purs antiquaires, ni à des esprits attardés : ce serait dans la circonstance présente une étrange erreur. Nous reconnaîtrons au contraire, et nous envierons peut-être cet esprit de sage tempérament qui, loin de renier d’anciens usages, les associe intimement avec les innovations que réclame l’avenir. Les fêtes du quatrième centenaire d’Upsal, qui viennent de s’achever, nous offrent l’occasion de pénétrer dans la vie quotidienne d’une des universités Scandinaves. Faisons volontiers cette étude, qui nous conduira plus loin. Certains aspects dignes de remarque pourront nous apparaître, certaines comparaisons pourront être de nature à nous faire méditer et à nous instruire. Il y a là des peuples qui, sous la protection de la monarchie constitutionnelle, avec un droit de suffrage étendu, jouissent depuis le commencement du siècle d’une tranquillité que n’a pas une seule fois troublée quelque sérieuse agitation intérieure, et qui a été pour eux la condition du plus rapide progrès. Pendant ces journées d’une fête que leur patriotisme rendait vraiment nationale, nous avons vu quinze cents étudians entourer et acclamer le roi, qui leur répondait par le langage le plus généreux et le plus élevé. Nous avons eu le spectacle de la liberté réglée et de ses solides avantages. Aucun peuple n’a été plus loin en institutions et en esprit démocratiques que le peuple norvégien, si jaloux de ses droits ; nulle part le suffrage n’a été aussi étendu avec autant de tempéramens qu’en Danemark de nos jours. Si les traditions et l’esprit général sont en Suède plus monarchiques, cela n’a pas empêché ce pays d’accomplir les meilleurs progrès dans la voie libérale.

Où chercherions-nous des sujets d’observations utiles plus volontiers que chez ces peuples qui nous ont emprunté beaucoup d’élémens de civilisation, et qui les ont développés à leur manière, sans cesser de nous être profondément amis et reconnaissais ? Ce qu’a été l’accueil fait à la délégation française dans les quatre villes d’universités Scandinaves, non-seulement à Upsal, mais à Lund, à Christiania et à Copenhague, ne peut que difficilement s’exprimer. Ce n’étaient pas seulement la population et la jeunesse universitaire