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A dix heures du matin, la même procession qui s’était formée la veille parcourait, à peu près dans le même ordre, le chemin qui conduit à la cathédrale. L’assistance était disposée comme le jour précédent, sauf que les promoteurs et les promovendi occupaient des places d’honneur. Comme la veille, le roi et le prince royal sont présens, entourés des ministres, du conseil d’état, des membres de la diète ; les étudians avec leurs bannières occupent encore la première partie de la nef, les dames sont en amphithéâtre dans les bas-côtés, les orchestres dans les tribunes supérieures. Beaucoup des assistans ont à la boutonnière une petite couronne en feuilles de laurier ; le roi la porte lui-même : c’est l’insigne du doctorat pour ceux qui l’ont précédemment acquis. L’intéressante préface de la fête est la première partie d’un bel hymne de M. Victor Rydberg, poète aujourd’hui célèbre dans le nord et membre de l’Académie des Dix-huit. L’auteur, s’inspirant de l’idée du triomphe de la science, compare la marche de l’humanité qui poursuit le progrès à celle des Hébreux traversant le désert pour atteindre le Jourdain : « Avance, humanité, sois joyeuse ! ce que tu as pensé de juste, ce que tu as rêvé de beau, ce que tu as voulu dans ton amour, rien de tout cela ne peut périr, c’est une moisson qui est à l’abri du temps : elle appartient à l’éternité. » Après ces strophes, le promoteur de la faculté de théologie monte en chaire : c’est l’archevêque d’Upsal, désigné pour la fonction de ce jour par le roi, car cette faculté est plus particulièrement que les autres sous l’autorité du souverain, auquel, depuis deux siècles, appartient la création des docteurs en théologie. Au moment où il achève sa courte harangue latine, le promoteur se couvre du chapeau doctoral, et le canon commence de retentir. Il appelle tour à tour ensuite les promovendi : chacun d’eux s’avance au travers du chœur, monte les degrés de la chaire, reçoit sur sa tête le chapeau de taffetas noir plissé, à haute forme, héritage du XVIz siècle, descend et salue le roi en retournant à sa place. Quand la série des docteurs de cette faculté est épuisée, le promoteur salue en quelques phrases, et descend de la chaire ! après le sacramentel Dixi. Et l’orchestre avec les chœurs chante ces paroles que le poète a prêtées à la théologie : « Doutes-tu que là-bas un pays de promission t’attende ? T’affaisses-tu sans espoir ? En avant, Israël ! Tu as encore entre tes mains la verge qui ouvre la source sacrée partout où elle frappe ; et il te suit en tous lieux, le rocher divin. »

La cérémonie est la même pour les trois autres facultés, de droit, de médecine et de philosophie, sauf que les deux premières ajoutent l’anneau d’or ; la dernière faculté, celle de philosophie, reçoit au lieu du chapeau la couronne de laurier. Il n’est presque pas un détail de cette cérémonie qui n’ait un sens symbolique. On fait