Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 24.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

langues orientales, voilà, sans compter nos omissions, des noms connus et respectés au-delà de leurs frontières. Pour ce qui est des sciences, deux au moins d’entre celles qui se sont le plus développées dans notre siècle ont rencontré à l’université d’Upsal quelques-uns de leurs vrais fondateurs. Si de nos jours cette université nous offre dans cette carrière aussi des noms qui, déjà familiers à tous les hommes spéciaux, grandiront encore en renommée, les deux Fries pour la botanique, MM. Cleve, Almén et Hammarstén pour la chimie, le regretté Angström, que ses travaux d’analyse spectrale avaient désigné aux suffrages de notre Institut, M. Thalén, son collaborateur, M. Holmgrén, bien connu par ses expériences sur le daltonisme, ces savans ont eu pour prédécesseurs et pour premiers maîtres, à Upsal même, un Scheele, un Bergmann, un Berzelius, que nous pouvons bien rattacher à cette école, puisqu’il y a étudié et publié ses premiers ouvrages, ils ont eu Solander, Hasselqvist, c’est-à-dire quelques-uns des fondateurs de la chimie et de la botanique modernes, tous s’inspirant d’un maître commun, celui dont l’image partout reproduite, dont le nom partout inscrit, dont le souvenir vénéré n’ont pas cessé de vivre dans ces jardins qu’il disposa, dans ces salles où il enseigna. Là vécut le grand et religieux Linné, là s’écoula dans la paix du travail sa vie innocente et pure, là il mérita de voir avec saisissement, passant derrière la fleur qu’il étudiait, Dieu éternel, immense, omniscient, tout-puissant, que lui révélait une nouvelle loi de la nature. Deum sempiternum, immensum, omniscium, omnipotentem expergefactus a tergo transeuntem vidi, et obstiipui[1].


III

La seconde journée des fêtes devait nous introduire comme témoins, disions-nous, dans la vie intérieure de l’université, en nous faisant assister à une promotion de docteurs. Profitons-en pour pénétrer de là dans ses traditions, dans ses mœurs, dans sa vie de chaque jour. Interrogeons au besoin ses étudians eux-mêmes, et voyons quelles conditions intellectuelles et morales leur sont faites ; il y a là un sujet d’observation dont l’intérêt est facile à comprendre. La promotion est l’acte solennel et public par lequel l’université, à certains intervalles, confère le grade du doctorat dans les différentes facultés. Décrivons tout d’abord celle du 6 septembre ; ce récit nous instruira mieux, à beaucoup d’égards, que de longs commentaires.

  1. Voyez, dans la Revue du 1er mars 1861, notre étude intitulée : Un écrit inédit de Linné. La Nemesis divina.