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de Germanicus, malgré son exagération théâtrale et le luxe des détails archéologiques qui s’y étalent un peu trop complaisamment, dénote une entente de l’effet et une adresse d’exécution peu communes. De pareils ouvrages, sans être des chefs-d’œuvre, tranchent sur la médiocrité ou la nullité complète de la plupart des peintures admises dans cette triste collection.

Les expositions publiques ou privées qui abondent à Munich ne font que confirmer la fâcheuse opinion qu’il faut garder de l’état actuel de la peinture allemande. Voici à l’Odéon, au milieu de toiles assez vulgaires, un tableau que la signature seule pouvait signaler à notre attention. Il s’agit d’une altercation entre Marie Stuart et Élisabeth, par W. de Kaulbach. On imaginerait difficilement une mise en scène aussi misérable. Qu’on se figure deux princesses de rencontre, vêtues d’oripeaux de louage, s’abordant avec une vivacité de pantomime qui conviendrait à peine à deux mégères de la halle. Les gestes, le dessin, la couleur, le fond de paysage, le rosier artificiel placé dans un coin et le faucon grossièrement empaillé du premier plan, tout est de même force dans cette œuvre signée pourtant d’un nom que naguère encore l’Allemagne ne prononçait qu’avec orgueil.

On a quelque scrupule de rester sur de semblables impressions. Cherchons donc encore. Aussi bien les occasions de nous éclairer ne manquent pas ici : en face même du musée de sculpture s’élève un grand bâtiment consacré à une exhibition permanente d’œuvres modernes. Ces œuvres marquent un certain progrès dans l’exécution, mais on ne se ferait guère idée de la vulgarité, de la puérilité parfaite des sujets qui défraient aujourd’hui les artistes allemands. Après les grands airs qu’affectait la génération précédente, la chute paraît soudaine, et les aspirations sont maintenant devenues par trop modestes. On est confondu de retrouver intacte la collection de ces antiques plaisanteries qui ont depuis longtemps perdu toute fraîcheur : la Confession embarrassante, les Touristes surpris par une averse, l’Escalade ou les dangers de la vertu, les Bons Petits Enfans, le Berceau sous la garde du chien fidèle, l’Arrivée de la Tante et la Visite du Curé à contre-temps ; il en faut passer et non des meilleures. Aucune de ces vénérables facéties ne manque à l’appel, et notez que les grosses intentions y sont soulignées et commentées avec une abondance de précautions humiliante pour l’intelligence des spectateurs. Le tout est entremêlé de modèles d’atelier travestis en Romaines, en Égyptiennes ou en Madeleines, et de panoramas géographiques, d’orages qui n’ont rien de terrible, de paysages où le rose, le violet et l’indigo dominent avec une audacieuse naïveté.

C’est au Palais de Cristal que, cherchant à compléter ces rapides