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sommes efforcé de ne présenter au lecteur que des objets dignes de fixer son attention et d’insister seulement sur ce qui, étant capital, mérite d’être noté. Sans prétendre porter sur tel maître ou sur telle période de l’art des jugemens définitifs, nous croirons avoir assez fait si, en discutant des attributions, en rapprochant des faits et des dates, en rattachant une œuvre à un ensemble, un artiste à une époque, nous pouvons apporter notre modeste contingent d’observations exactes et d’appréciations motivées.

La Pinacothèque est un grand monument assez massif et de style mal défini, construit, comme la Glyptothèque, par l’architecte Klenze, et comme elle aussi dans d’excellentes conditions d’aménagement. Le premier étage, consacré à la galerie de peinture, comprend une suite de vastes salles où sont placées les grandes toiles, et une série de cabinets s’étendant parallèlement à ces salles et dans lesquels les œuvres de moindres dimensions sont exposées à portée du regard. Les tableaux, au nombre de 1,400, proviennent des galeries de Manheim, de Deux-Ponts et de Dusseldorf, ainsi que d’acquisitions successives comme celle de la collection des frères Boisserée et d’autres encore faites par les souverains bavarois, surtout par le roi Louis Ier. On est frappé tout d’abord de l’éclat de ces tableaux, notamment de ceux des écoles flamande et hollandaise, qui constituent la vraie richesse de ce musée. Acquises directement des peintres eux-mêmes par les électeurs qui ont amassé les collections primitives et immobilisées depuis lors, ces œuvres ont été ainsi préservées des injures du temps et des injures, souvent bien plus dangereuses, de restaurations maladroites. Elles se montrent à nous dans leur état natif, et par leur air de santé contrastent avec l’aspect maladif de certains musées qui semblent des hôpitaux de peinture où les tableaux ne parviennent qu’après avoir subi dans leurs douloureuses étapes les traitemens les plus cruels.

On voudrait pouvoir ajouter que le catalogue est en rapport avec des richesses si abondantes et si bien administrées. Quoiqu’il soit en réel progrès sur les éditions antérieures, il est encore trop peu soigné, trop peu au courant, et ne supporte pas la comparaison avec la plupart des livrets de Belgique, de Hollande, d’Angleterre, de France et de l’Allemagne elle-même. Il enregistre complaisamment les attributions les plus douteuses, et si parfois il les contredit dans le supplément, c’est pour les remplacer par des rectifications non moins équivoques. La traduction française de ce catalogue, bien qu’elle émane d’un docteur en philosophie, ancien professeur à l’Académie des beaux-arts, est un chef-d’œuvre de ce français germanique dont les barbaries, nous l’avons appris, ne relèvent pas toujours de la grammaire seule. Du moins les bévues de cette traduction hasardeuse, faite à coups de dictionnaire, ne sont pas de