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LA
LITTERATURE FRANÇAISE
SOUS LE PREMIER EMPIRE

Tableau de la littérature française (1800-1815), par M. G. Merlet. Paris 1877.

Il est entendu, presque dans toutes nos histoires de la littérature française, ou sous-entendu, que la littérature de la période impériale ne compte pas. Aussi, quand la nécessité chronologique d’en toucher au moins quelques mots se rencontre et qu’il faut satisfaire à l’usage, on nomme quelques noms à la hâte, on caractérise avec la brièveté du dédain quelques œuvres prises comme au hasard, on rit un peu de Lebrun Pindare et beaucoup de Luce de Lancival, d’Esménard ou de Parseval-Grandmaison; d’ailleurs on acquitte à Mme de Staël, à Chateaubriand, un tribut convenu d’admiration banale, et l’on passe : tout est dit. De loin en loin pourtant une voix généreuse proteste et réclame au moins l’indulgence. N’est-on pas en effet bien sévère pour une génération déshéritée si l’on veut, mais qui n’a manqué toutefois ni d’un certain amour de l’art, ni de l’éclat que projettent sur le court espace de quinze ans d’histoire deux ou trois œuvres originales, vraiment durables, et deux ou trois noms vraiment glorieux, dignes de rester inscrits parmi les plus illustres? Sainte-Beuve n’a pas craint de dire « que les triomphes militaires de l’empire avaient trouvé plus d’une fois, au retour, des splendeurs rivales dans les arts contemporains : telle page des Martyrs, une bataille de Gros ou la Vestale de Spontini. » C’est