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Telles sont même les chaires doublées de pathologie interne et de pathologie externe ; pour les unes comme pour les autres, la matière de l’enseignement est surabondante. A moins de fournir un enseignement mutilé et absolument élémentaire, le professeur est condamné à ne traiter qu’une part minime de son sujet. D’autre part, une partie du corps enseignant de nos facultés reste ordinairement inactive et silencieuse, et c’est la partie la plus jeune, la plus ardente à la besogne qui est ainsi immobilisée, celle à qui les exercices de l’enseignement seraient personnellement utiles ; je veux parler du corps des agrégés. Nommés au concours, les agrégés n’ont maintenant d’autres fonctions que celle de participer aux examens que fait subir la faculté ; ils ne prennent part à l’enseignement que lorsqu’ils suffit chargés de suppléer un professeur empêché. Cette participation est donc rare, aléatoire, et peut même conduire l’agrégé à une suppléance qui n’est pas en rapport avec ses goûts et ses études préférées.

Il y a à s’emparer, au profit de l’enseignement, de ces forces vives et presque perdues de l’agrégation. À cette fin, chaque agrégé sera attaché à une chaire magistrale pour compléter l’enseignement du professeur titulaire, et cela avec l’agrément et du professeur et de la faculté. Le professeur désignera la partie du cours qu’il peut abandonner à un agrégé, et ce cours complémentaire sera, par la faculté, confié à l’agrégé. Ces dispositions libérales doubleront l’étendue de l’enseignement parcouru. Le jeune agrégé pourra recueillir là des succès précoces, et qui plus tard le désigneront au choix de la faculté. Ces succès feront-ils échec au professeur, et celui-ci pourra-t-il en prendre ombrage ? Non, le professeur sera le premier à se féliciter des succès de son jeune collègue ; il saura toujours guider l’influence sérieuse que donnent l’expérience acquise et l’autorité de jugemens longuement médités. Nous avons dit quels obstacles avait offerts jusqu’ici à cette extension des fonctions de l’agrégation l’installation pauvre et étroite de notre faculté. Cette installation s’agrandit, et le moment est venu de demander aux agrégés le concours qu’ils sont prêts à donner. Aussi le décret qui vient de réorganiser les cours cliniques spéciaux établit-il la participation future et régulière des agrégés aux fonctions de l’enseignement.


III

Les améliorations ou réformes dont nous venons de tracer l’exposé s’appliquent surtout à la Faculté de Paris. Quelle est, sous ces rapports, la situation des facultés de province ? Il faut distinguer ici entre les facultés anciennes et les nouvelles.