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ils entrent, et ils en sortiront plus forts et mieux armés. Il en est déjà ainsi, et le prochain concours en témoignera, il y a là, pour les facultés de province, un renoncement, un sacrifice à faire, mais nécessaire, et qui tournera à leur avantage. D’ailleurs leur autonomie n’est pas renversée, car le candidat peut s’inscrire pour telle ou telle faculté, pour une ou pour plusieurs. Certains sacrifices de déplacement et de séjour sont imposés aux candidats de province ; mais l’agrégation est désormais assez haut placée pour que l’on accepte certaines gênes que sa poursuite impose. Les intérêts personnels, les profits de la pratique médicale, ne doivent pas primer cette passion scientifique qui doit animer celui qui entre dans la carrière ardue des concours.

Comme dernière mesure destinée à relever la valeur de l’une des plus notables épreuves des concours d’agrégation, nous signalerons celle qui est édictée par l’arrêté ministériel du 10 août 1877. On sait que le concours d’agrégation se termine par la composition et la soutenance d’une thèse, sur un sujet désigné par le jury et différent pour chaque candidat. La collection de ces thèses est très intéressante ; elle permet de juger où en est la science sur un ensemble de points déterminés. Ces thèses sont lues par toute la jeunesse studieuse de nos écoles ; plusieurs restent comme des modèles d’érudition et d’exposition. Elles sont également lues et recherchées à l’étranger, et c’est en partie sur elles que l’on y mesure notre niveau scientifique. Or pour la rédaction de ces thèses le candidat n’avait que douze jours francs. C’est en ce court espace de temps que, sur des questions difficiles, le candidat avait à composer et à faire imprimer une thèse qui parfois dépassait deux cents pages. Ce labeur excessif n’était pas toujours à l’avantage de la thèse, dont quelquefois la rédaction était diffuse, l’érudition faible, l’ensemble sans unité. L’arrêté du 10 août pare à ces inconvéniens. Les sujets de thèse seront distribués aux candidats immédiatement après les épreuves éliminatoires. Les candidats conservés auront ainsi, pour le travail de la thèse, toute la durée des épreuves définitives avant la thèse, durée qui va à deux mois environ, épreuves, qui laissent d’ailleurs toute liberté d’esprit, car elles n’offrent aucun caractère de surprise ; après ces épreuves, les candidats retrouveront en outre les douze jours francs alloués autrefois. Comment douter que de telles dispositions ne relèvent singulièrement l’épreuve de la thèse, et avec elle le concours d’agrégation dans sa plus durable expression ?

Je ne quitterai pas l’exposé qui touche au corps enseignant de nos facultés de médecine sans faire connaître brièvement la part donnée, dans ces facultés, à l’enseignement libre. De tout temps, des