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se préparaient à concourir, il fallait augmenter notablement le nombre des agrégés en exercice. Les concours d’agrégation ont en effet lieu tous les trois ans ; les agrégés nommés au prochain concours devant entrer immédiatement en fonctions, il fallait ou ajourner de trois ans le concours actuel ou augmenter de près d’un tiers le nombre des agrégés en exercice. C’est cette dernière solution qu’a admise l’administration de l’instruction publique avec une libéralité dont nous ne saurions trop la remercier. Dix places nouvelles d’agrégé, celles que l’on met au prochain concours pour la faculté de Paris, sont ainsi créées. Cette création trouve d’ailleurs d’autres et péremptoires raisons d’être dans le nombre croissant des actes probatoires. Ce nombre va encore s’accroître tout d’un coup par suite de la réforme des examens de doctorat ; une modification des jurys d’examens deviendra peut-être nécessaire, et il y aura à faire un appel plus répété aux agrégés comme examinateurs.

Nous disions qu’il faut fortifier et égaliser l’agrégation de toutes les facultés de médecine, maintenir le niveau des concours qui ont fait sa renommée. Dans ce dessein, une mesure nouvelle a été prise il y a trois ans et doit être maintenue : je veux parler de la concentration à Paris de tous les concours d’agrégation. Lorsqu’il n’y avait en France, en dehors de Paris, que deux facultés de médecine, celles de Strasbourg et de Montpellier, les concours d’agrégation avaient lieu au siège de chaque faculté. Cette coutume n’était pas sans inconvéniens. Les concours d’agrégation dans les deux facultés de province parfois étaient abordés sans les craintes salutaires, qu’inspire un échec possible, et on en avait signalé de particulièrement faibles. Il y avait souvent autant de places que de candidats : quels efforts avaient à faire ces candidats ? N’étaient-ils pas assurés de leur nomination ? Les déclarer indignes, n’était-ce pas faire le procès de la faculté elle-même, et témoigner du peu d’ardeur scientifique qui s’y faisait sentir ? Si ces raisons étaient valables lorsque les facultés de province n’étaient que deux, elles deviennent irrésistibles alors que le nombre de ces facultés va s’élever à cinq. On ne peut vraiment songer à établir, outre celui de Paris, cinq concours d’agrégation. On arriverait fatalement à l’abaissement du titre d’agrégé : on affaiblirait lentement, mais profondément, notre enseignement médical. La concentration à Paris des concours d’agrégation maintiendra l’élévation du concours. Les candidats, sachant qu’ils se présenteront devant un jury composé de personnalités éminentes, qu’ils auront pour camarades de concours l’élite valeureuse des élèves de la faculté de Paris, feront des efforts auxquels ils ne se seraient pas soumis ; ils s’exerceront à l’art difficile d’exposer avec clarté une question scientifique ; ils se feront dignes de la lutte dans laquelle