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de l’instruction publique, a rendu toute liberté de réunion et de délibération. Ces vœux n’ont pas été stériles, grâce au dévoûment successif et entier de tous les ministres de l’instruction publique, à l’œuvre de réforme de notre enseignement supérieur. Enfin nous ne saurions taire ici le nom du directeur de l’enseignement supérieur, M. le conseiller d’état Du Mesnil. Tous ceux qui s’intéressent aux hautes questions de l’enseignement connaissent l’ouverture de cet esprit qui aime tous les progrès, sans jamais dépasser la mesure qu’autorisent les circonstances et le moment, qui n’épouse aucune passion exclusive, qui sait qu’une légitime tolérance est devenue un devoir plus impérieux que jamais, qui, en demeurant fidèle aux traditions universitaires, reste dégagé de tous les préjugés qui tendent à naître dans un milieu un peu fermé et jaloux. Accueillant tout ce qui était mûrement et libéralement conçu, M. Du Mesnil en a assuré la réalisation, et si quelque bien a été fait, il n’est que juste de lui en rapporter une bonne part.

Il ne faudrait pas croire que tout soit fait et que le repos soit permis. Sans compter la foule des améliorations de détail, que de choses encore à relever dans notre milieu scientifique ; que d’institutions fécondes et qui semblent presque abandonnées ! Notre Académie de médecine est connue par les éminens services qu’elle rend à la science et par ceux qu’elle rend à l’état ; elle est un foyer de discussions profondes, animées, dont le retentissement se prolonge au loin. Quel délaissement néanmoins de la part de l’état ! Quelle installation indigne, précaire, et qui n’est même due qu’à une tolérance forcée de l’assistance publique ! Sa bibliothèque, si riche en documens précieux, en manuscrits historiques, ou reste enfermée en des caisses clouées, ou s’altère et se détruit peu à peu dans un local sombre et humide ; pas une salle de commission, pas un laboratoire d’analyse ! Je sais bien qu’une installation nouvelle est projetée ; mais combien elle se fait attendre, et peut-être est-elle encore incertaine !

Malgré tout cependant notre enseignement médical est sorti de la longue période de torpeur et de demi-inertie dans laquelle il semblait se reposer de ses gloires passées. Il renaît à l’activité et à la lutte ; car, en nos jours difficiles, l’activité c’est la lutte, vivere est militare. Nous avons à défendre le vieux renom de la médecine française, à le maintenir à sa hauteur. À cette fin, nous n’avons rien à répudier de notre passé, de l’esprit qui a animé nos anciens maîtres et leur enseignement. Nous pouvons et nous devons lui rester fidèles, sans rien perdre de l’esprit de conquête scientifique, qui est l’esprit de progrès. Tel est le caractère qui a présidé à cet ensemble de réformes : elles sont restées fidèles à notre génie