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membres de diverses classes de l’Institut. On ne peut nier la compétence et l’autorité de ceux dont se composent ses comités ; leur seul tort à nos yeux est de relever du ministère et non de l’Institut. En outre, malgré les changemens beaucoup trop rapides de ministres, il y a une permanence et une suite dans l’organisation et les traditions administratives où les sociétés savantes peuvent trouver un point de ralliement plus fixe et plus stable que dans l’Institut des provinces. Aussi devons-nous tout d’abord reconnaître que tout ici non plus n’a pas été stérile. La province, surtout dans les commencemens, n’a pas été insensible à ces témoignages de sollicitude auxquels elle n’était guère accoutumée ; une certaine impulsion a été donnée et même une utile direction, grâce aux savantes instructions adressées par le Comité historique pour les méthodes à suivre, les procédés à employer dans les études archéologiques. Il y a eu des encouragemens bien placés ; d’importantes publications ont mis en lumière des documens et des faits précieux pour notre histoire.

Cependant le ministère de l’instruction publique, pas plus que l’Institut des provinces, ne peut se flatter d’avoir atteint le but, c’est-à-dire d’avoir accompli sous ses auspices l’association académique de Paris et de la province. D’abord il a eu le tort de ne faire aucune distinction entre les sociétés savantes, de les adopter en masse et de les tenir toutes pour affiliées, sans nulle démarche de leur part, sans nulle demande officielle, sans aucun consentement formel. Il n’y a nulle règle pour les relations, pas plus que pour les affiliations, nul engagement réciproque. Nous avons sous les yeux une liste imprimée en 1875 des sociétés en correspondance avec le comité ; il n’y en a pas moins de deux cent cinquante, ce qui est à peu près la liste totale de toutes les sociétés de France qui s’intitulent sociétés savantes. Depuis les Pyrénées jusqu’à Dunkerque, il n’y manque pas une seule société d’émulation, d’éducation, d’horticulture, pas une seule société littéraire, linnéenne ou pharmaceutique. Il reste à savoir ce qu’il y a de sérieux dans un si grand étalage et ce qu’il y a de réel dans cette prétendue correspondance avec tout le monde.

Suffit-il donc, pour qu’une société soit vraiment affiliée, qu’un de ses membres, sans nulle délégation ou même à son insu, envoie quelques pages au comité ou soit pris de l’envie de faire un voyage économique à Paris ? De son côté, l’Institut des provinces n’a pas une moins longue liste de délégués et de correspondans. Il y a des sociétés et des correspondans qui figurent à la fois sur les deux listes. Dans tout cela, il y a beaucoup de désordre et de confusion. D’ailleurs en général, des deux côtés, ce sont les sociétés les plus minces, les plus récentes, les plus facilement ouvertes à