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tout venant qui se montrent le plus empressées. Celles-là n’ont pas le droit d’être bien fières ; elles peuvent s’enorgueillir même d’une médaille de bronze et enregistrer ce succès dans leurs courtes annales ; elles peuvent facilement prendre leur parti d’un échec. Il n’en est pas de même des grandes académies provinciales qui ont un passé, des traditions, une certaine renommée, où n’entre personne qu’avec quelques titres, et qui comptent dans leurs rangs un certain nombre de membres plus ou moins connus, même au dehors, dans les sciences ou dans les lettres. Ces compagnies se sont généralement tenues à l’écart par un légitime sentiment de dignité et d’indépendance. Il en est même qui ont protesté contre l’abus fait de leur nom dans les hasards, l’arbitraire et la confusion de ces concours, où on prétendait leur donner des places, comme au collège sur les bancs. Quelques-unes ont émis le vœu de n’avoir que l’Institut pour juge. L’une d’elles, sollicitée de concourir, a répondu, à notre connaissance, qu’elle donnait des prix et qu’elle n’en recevait pas. Assurément l’Institut de France n’aurait pas été exposé à recevoir une pareille réponse.

Si le comité, au lieu de récompenses collectives, accorde des récompenses individuelles, il n’évite un écueil que pour donner contre un autre. Sans doute la plupart de ces récompenses ont été justement décernées à des travaux, à des découvertes de quelque valeur et à des hommes de mérite. Mais n’est-ce pas en faisant double emploi avec l’Académie des Sciences et avec l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres qui donnent de semblables récompenses, avec bien plus d’éclat et d’autorité, à des travaux, à des recherches, à des découvertes du même genre ? Qui n’aimerait mieux, dans toute la province, compter, parmi ses titres littéraires ou scientifiques, une mention de l’Institut qu’un grand prix en Sorbonne du Comité des sociétés savantes ? Quant aux deux cents correspondans dont la liste est jointe à celle de ces deux cent cinquante sociétés, j’y vois sans doute plus d’un nom justement estimé, plus d’un savant ou d’un érudit connu par ses travaux ; mais ils ne sont les correspondans et les représentans d’aucune société : ils n’agissent que pour leur propre compte et pour celui du comité.

D’ailleurs, comme on peut le voir par les dernières années de la Bévue des sociétés savantes, le comité, se laissant de plus en plus envahir par l’École des Chartes, ne donne plus accès qu’à l’histoire locale du moyen âge et aux études ou même, osons le dire, aux minuties de l’archéologie. Non-seulement la littérature et la philosophie, mais l’étude de l’antiquité, la législation, l’économie politique, l’histoire générale et même l’histoire moderne, qui tiennent aussi une grande place dans les travaux des facultés et académies de la