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demi-bourses à des familles sans fortune, militaires ou civiles indistinctement, dont les enfans ont été admis par concours dans les écoles de l’état ;

3° L’institution des enfans de. troupe à la suite des régimens, dont les résultats, dans son mode actuel, fort ancien, de fonctionnement, ne servent pas moralement les intérêts de la famille et ne servent pas militairement les intérêts de l’armée ;

4° L’institution de la Légion d’honneur (pour les filles des légionnaires),

Ces moyens d’assistance, si étroitement mesurés à un petit nombre de familles militaires, sont-ils dignes d’une grande nation qui prétendait, quand ils furent créés, à la prépondérance dans les armes, qui vient à présent de tripler, si l’on tient compte de ses élémens prévus de renouvellement, la puissance de son état militaire ?

Les concessions de bourses et demi-bourses, très-justement considérées comme la rémunération, dans la personne des jeunes aspirans aux écoles militaires, des efforts faits, des sacrifices accomplis, des services rendus dans l’armée par leurs ascendans, devaient être dans l’origine exclusivement attribuées aux familles militaires qui les sollicitaient. C’était, personne n’y contredira, le procédé le mieux justifié, le plus moral, le plus digne, le plus encourageant pour les intéressés, le mieux trouvé pour assurer à l’armée le concours de générations d’officiers pénétrés de cette vocation que j’ai appelée la vocation transmise. Mais le bénéfice en fut d’abord étendu aux familles qui avaient acquis dans les services publics civils des titres à l’intérêt de l’état, et puis la révolution de 1848 arriva. Elle fit prévaloir dans le gouvernement des vues qui avaient le mérite, que je ne conteste pas, d’être égalitaires, mais qui avaient l’inconvénient, qu’il faut toujours considérer, d’être fausses. Elles étaient fausses, parce que, servant certains principes et certains intérêts, qui semblaient les plus considérables du moment, elles compromettaient gravement d’autres intérêts, qui étaient en réalité les plus considérables de tous les temps. C’est à une succession d’erreurs graves de ce genre, qui jetèrent le trouble dans les esprits, que l’empire dut une part du prodigieux succès de suffrage universel qu’il obtint peu après contre la république de 1848, précédent que les amis de la république d’aujourd’hui ne sauraient trop lui rappeler.

Elle voulut notamment proclamer le principe de la gratuité absolue de l’enseignement (principe dont l’avenir verra peut-être la réalisation, mais qui était alors, comme aujourd’hui, financièrement impossible), à commencer par les écoles de l’état, libérant ainsi quelques familles, qui en portaient volontairement le poids